Face-face des chefs: boxe ou débat?

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michelvenne100 - Directeur général de l’institut du nouveau Monde

Ce jeudi, TVA présente des face-à-face entre les chefs de parti. Selon l’allure que prend la campagne cette semaine, j’ai peur d’être déçu. Aurons-nous droit à des matchs de boxe ou à de véritables débats de chefs politiques aspirant à gouverner le Québec?

Déjà, la formule du face-à-face est plus susceptible de provoquer des affrontements que des échanges en profondeur. En 2012, le premier ministre sortant, Jean Charest, avait choisi l’approche agressive pour son duel avec Pauline Marois.

J’ai peur que l’on assiste à la même chose cette fois-ci, mais dans l’autre sens : c’est au tour du PQ d’être sur la défensive et sa tactique, depuis quelques jours, consiste à attaquer l’intégrité des libéraux et celle de M. Couillard en particulier. Celui-ci a déjà montré au débat de jeudi dernier qu’il est prompt à se défendre, allant jusqu’à interrompre l’animatrice pour corriger une affirmation jugée erronée.

Les commentateurs et les citoyens avaient été unanimes en 2012 à exprimer leur inconfort à l’égard de ce ton vindicatif et hargneux. Or, la politique est l’institutionnalisation du conflit et constitue le mécanisme que nous avons inventé pour le résoudre. Il est normal qu’une campagne électorale donne lieu à des confrontations. À force d’avoir peur du conflit, on ne débat plus de rien.

En même temps, la politique doit aussi nous servir à formuler ce qui constitue le bien commun, ce qui correspond à l’intérêt général. La politique doit nous aider à trouver des solutions. Or, les solutions émergent de la discussion ordonnée. L’agressivité tue l’échange. Elle indispose. Elle fait fuir les gens honnêtes.

Le face-à-face exclut aussi l’intervention de tierces parties. La présence de Françoise David et de François Legault lors du dernier débat, comme en 2012, nous a rappelé que la conversation politique est toujours plurielle. Il n’y a jamais seulement le noir et le blanc. Un débat politique ne peut se résumer à une confrontation binaire. Une société n’est pas un système informatique. La conversation pluraliste parle davantage à notre intelligence davantage qu’un stérile combat de coqs.

Les blocages politiques tiennent souvent dans le fait qu’un débat public met en présence deux forces qui se combattent: fédéralistes contre souverainistes, patronat contre syndicats, riches et pauvres, entreprises contre environnementalistes.

La solution réside souvent dans l’introduction au sein de la conversation d’un troisième ou de plusieurs autres points de vue qui viennent relativiser ceux des deux parties qui se font la guerre et qui agissent comme des forces médiatrices.

Cela évoque un idéal de changement qui devrait d’ailleurs amener les partis politiques à réfléchir aux réformes dont nous avons besoin pour revitaliser notre démocratie.

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