Taxe ou marché du carbone?
Je désire revenir sur l’échange que Jack Layton et moi avons eu dans les pages du Métro la semaine dernière sur la question d’une taxe ou d’une bourse du carbone.
La taxe sur le carbone est considérée par de plus en plus d’acteurs et bénéficie d’appuis surprenants. En février 2008, le Congress of the United States Congressional Budget Office (CBO) a conclu que l’imposition d’une taxe sur les émissions de GES serait environ cinq fois plus efficace qu’un système d’échange de crédits semblable à celui en vigueur en Europe.
Ici au Canada, le Conseil canadien des chefs d’entreprise (CCCE) a accueilli favorablement l’idée d’une taxe sur le carbone, en précisant que cette éventuelle taxe devrait être neutre d’un point de vue fiscal.
On sait qu’en Colombie-Britannique, chaque citoyen de la province recevra une remise de 100 $ ce mois-ci, suite à l’adoption de la taxe sur le carbone par la législature provinciale en février.
Selon le Financial Post, une taxe nationale à 42 $ par tonne de GES émise pourrait rapporter à Ottawa de nouveaux revenus de 12 à 15 G$ par an et permettre de réduire les impôts sur le revenu des particuliers et des entreprises de 10 %. On pourrait aussi consacrer une partie de ces sommes à l’éducation et à la santé, qui en ont bien besoin. Le Conference Board du Canada appuie lui aussi la taxe sur le carbone, qu’il aimerait voir mise en place en même temps qu’un marché du carbone.
Avec son système très élaboré d’échange de permis de polluer appelé ETS, l’Europe peine à cheminer vigoureusement vers ses objectifs de réduction. La prestigieuse revue scientifique Nature est formelle : le système européen n’a pas réussi à enclencher jusqu’ici un virage vers des technologies à faible intensité en carbone. Et comme les permis de polluer ont été et seront distribués gratuitement aux grands pollueurs jusqu’en 2012, il n’en est résulté et n’en résultera aucun revenu pour les États concernés.
Cela étant dit, j’avoue qu’il est difficile de dire avec certitude lequel de ces mécanismes est le meilleur… Peut-être que dans le cadre de la lutte aux changements climatiques, nous aurons besoin des deux.