La vague orange
Je sais, j’avais dit que j’allais vous parler de compostage, mais avec ce qui s’est passé avant-hier soir en Alberta, ça va devoir attendre encore un peu… Et quelle soirée ce fut (je me suis couché un peu trop tard, à chacun ses séries)!
J’ai pas mal d’ami-e-s et de collègues en Alberta, et lorsque l’ancien premier ministre Jim Prentice a déclenché des élections hâtives, la très grande majorité de ces personnes espéraient qu’une vague de changement s’empare de leur province et mette fin à un règne conservateur qui durait depuis 44 ans.
Une chose est sûre, l’élection du gouvernement majoritaire de Rachel Notley va apporter son lot de changements, notamment en ce qui concerne l’industrie pétrolière, dans une province où la proximité entre le gouvernement et les pétrolières était devenue pour le moins embarrassante, la frontière entre les deux n’étant souvent que des portes tournantes pour aller de l’un à l’autre secteur.
Durant la campagne électorale, Mme Notley s’est engagée à mettre sur pied une commission indépendante sur les redevances de l’exploitation des ressources naturelles de la province en général, et du secteur pétrolier en particulier. Ces redevances sont de l’ordre de 1,50$ le baril présentement, soit environ 4% du prix actuel d’un baril. Il y a bien eu une tentative d’augmenter légèrement ces redevances quand Ed Stelmach était premier ministre en 2007, mais sous les pressions de l’industrie, le gouvernement avait reculé. Imaginez un peu, le baril dépassait les 100$ à l’époque, ce qui veut dire que la redevance n’était que de 1,5% par baril!
Sans s’opposer aux projets de pipelines Keystone (vers le sud) et Northern Gateway (vers l’ouest), Mme Notley a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention de les appuyer puisqu’ils sont, dans un cas comme dans l’autre, embourbés dans des débats juridiques et politiques qui risquent de se poursuivre pendant des années.
Mme Notley dit vouloir travailler à revoir les lois et la réglementation environnementale dans le secteur du pétrole, victime selon elle des lobbys.
Cela étant, on parle quand même de l’Alberta: le NDP ne s’oppose pas au développement du pétrole et appuie les projets de pipelines Trans-Mountain (vers l’ouest) et Énergie Est. Le parti veut réduire les exportations de pétrole brut à l’extérieur de ses frontières pour augmenter le raffinage et la transformation là-bas. Ce débat n’est pas sans rappeler celui que nous avons au Québec autour, par exemple, de l’aluminium ou du bois.