Reculer ou écouter?

Depuis plusieurs semaines le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est accusé de reculer sur différents dossiers : les tarifs dans le CHSLD, les tarifs du transport adapté et les frais de repas servi dans les centres de jour. Le plus récent recul est celui concernant les changements quant aux modalités qui encadrent la procréation assistée.

Le projet de loi sera amendé afin que les femmes de plus de 42 ans aient accès aux services de procréation assistée moyennant certaines balises, et que les couples n’aient pas à prouver trois ans de rapports sexuels assidus avant de pouvoir recourir au service. C’est tant mieux!

Dans le cas des tarifs, le ministre s’être fait prendre la main dans le sac. Il a dit annuler les hausses puisqu’il ne les avait pas autorisées directement. Dans le cas du projet de loi 20, il dit avoir écouté les gens et les groupes qui se sont présentés devant lui en commission parlementaire.

Peu importe les raisons, ce sont toutes de bonnes nouvelles, car que ce soit grâce aux pressions des élus de l’opposition, d’experts ou de groupes de citoyens, dans chacun de ces dossiers, la décision est plus sensée que la proposition initiale. On pourrait dire la même chose de l’imposition des quotas aux omnipraticiens, qui risquaient d’avoir des effets pervers. Dans ce cas, il faut dire qu’une solution négociée vaut mieux qu’une solution imposée.

Avant d’accuser le ministre d’être en mode «reculons», il faut se demander ce qu’on souhaite : des élus qui s’entêtent et ne modifient aucune de leur proposition ou des élus qui tirent profit du processus parlementaire pour bonifier leur approche. Après tout, ne souhaite-t-on pas que le Parlement serve à améliorer un projet de loi et à éviter des erreurs? On parle alors de la recherche d’une maturité législative.

Ce n’est pas pour rien que les règles parlementaires prévoient un cadre pour l’adoption d’un projet loi. Les cinq étapes permettent différents niveaux de validation à travers des échanges avec des experts, des élus, des citoyens qui proposent des modifications en fonction de leur expertise ou de leur vécu.

On se souvient de la phrase fétiche de François Legault lors de la campagne électorale de 2012 : «Il faut être ferme sur l’objectif et souple sur les moyens.» La formule était tellement porteuse que Pauline Marois et ses ministres n’avaient pas hésité à se l’approprier pour expliquer les différents reculs de leur nouveau gouvernement. Il s’agit sans doute d’une phrase qu’a conservée le ministre de la Santé à la suite de son passage à la CAQ.

Peu importe, c’est une approche qui tient la route en politique, comme dans le reste. À s’entêter sur le chemin pour se rendre, on risque d’oublier la destination. À cet égard, le ministre et les médecins de famille partagent maintenant une obligation de résultat.

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