Plus vert que vert

La bibliothèque de Varennes consomme 80% moins d’énergie qu’une bibliothèque traditionnelle. Photo: Maxime Gagné / CGA architectes

L’architecte Maxime Gagné n’a pas de voiture, et pourtant il a passé les dernières années sur la route, à faire des allers-retours entre Montréal et la rive sud pour suivre l’évolution de son nouveau bébé: la bibliothèque de Varennes.

Il en est fier, très fier, et avec raison. Non seulement sa réalisation est très élégante sur le plan architectural, mais il s’agit également du premier bâtiment institutionnel au Québec qui produit autant d’énergie qu’il en consomme annuellement. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle un bâtiment net-zéro.

Même dans le secteur privé, ce type de construction reste encore très rare comparativement à ce qu’on peut observer dans d’autres régions du monde. Pas nécessairement par manque de volonté ou d’expertise, mais plutôt parce que nos tarifs d’électricité restent bas, année après année, malgré les hausses récurrentes d’Hydro-Québec. Conséquence: investir dans les panneaux solaires, la géothermie ou d’autres technologies onéreuses rendant nos édifices plus indépendants sur le plan énergétique s’avère risqué financièrement. Du moins, à court terme. Le retour sur l’investissement se fait sur plusieurs années, ce qui décourage plus souvent qu’autrement les municipalités et les promoteurs immobiliers.

En hiver, la chaleur dégagée par l’activité des panneaux solaires sur la toiture est récupérée par une boucle énergétique afin de chauffer l’air ambiant dans la bibliothèque.

Ça n’a pas été le cas à Varennes. Pour des raisons environnementales, certes, mais également pour innover. «Il y a plusieurs entreprises de pointe en technologie et en efficacité énergétique dans la ville, m’explique l’architecte. Il y a aussi le centre de recherche d’Hydro-Québec. Ça a mis une pression politique pour faire une bibliothèque exemplaire.»

Panneaux solaires, géothermie, planchers radiants, brise-soleil, positionnement stratégique des fenêtres pour maximiser la lumière naturelle… Tout a été soigneusement réfléchi dans l’architecture du bâtiment. Même les machines distributrices de nourriture, qui pullulent normalement dans les édifices institutionnels, ont été bannies de l’endroit étant donné leur consommation énergétique jugée trop élevée.

Résultat: l’édifice consomme 80% moins d’énergie qu’une bibliothèque traditionnelle, ce qui génère des économies annuelles d’environ 80 000$. Considérant que la bibliothèque restera en place pendant plusieurs décennies, l’investissement supplémentaire en vaut la chandelle, croit l’architecte.

«Sur une facture de 10,3 M$, il manquait initialement un peu plus de 2 M$ pour construire un bâtiment net-zéro, indique-t-il. Mais comme le maire y tenait fermement, il a sollicité les entreprises et les commerçants locaux pour trouver l’argent qui manquait. […] La communauté a répondu à l’appel. On a vraiment réussi à susciter de la fierté à Varennes autour de ce projet-là.»

L’architecte Maxime Gagné présentera en détail l’architecture de sa bibliothèque mardi prochain, à 18 h, au Centre canadien d’architecture. La conférence est gratuite.

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