La vache : La foi en l’humanité
Fatsah Bouyahmed se rend d’Algérie en France à pied accompagné de sa vache Jacqueline dans le film La vache, qu’il a co-écrit avec Alain-Michel Blanc et le réalisateur Mohamed Hamidi.
Fatah (Fatsah Bouyahmed), paysan d’un tout petit village algérien, n’a qu’un rêve : emmener un jour sa vache Jacqueline au Salon de l’agriculture de Paris. Quand, un jour, il est enfin choisi pour prendre part à celui-ci, lui et Jacqueline parcourent à pied la distance qui les sépare de cette Mecque des agriculteurs, marquant les gens qui croisent leur chemin et devenant même un phénomène sur le web.
Les rencontres que fait Fatah dans La vache sont attendrissantes : les gens l’invitent spontanément à partager leur table, à s’abriter chez eux, et lui offrent de l’aide. Fatsah Bouyahmed, qui se dit pour sa part «toujours content quand un voisin frappe pour [lui] demander de l’huile ou du sel», en convient : «Tout le monde n’est évidemment pas toujours aussi accueillant en France. On est souvent confrontés à la peur, on a peur de perdre ce qu’on a, on rentre chez nous, on ferme la porte, et c’est tout. Mais ça existe, il y en a même beaucoup, des gens sympas et généreux!»
«Mon personnage est inspiré de mon père, et de ceux de Jamel et de Mohamed – cette génération d’immigrés qui ne voulaient surtout pas se faire remarquer, qui voulaient juste faire leur travail. Des gens simples qui ont des valeurs, même s’ils n’ont rien dans leur assiette.»
– Fatsah Bouyahmed, évoquant le contexte similaire dans lequel ont grandi Mohamed Hamidi, Jamel Debbouze et lui-même
Les scénaristes avaient d’ailleurs écrit des scènes avec «des gens moins sympas ou racistes». «On les a même tournées, mais Mohamed n’a pas réussi à les mettre dans le film, parce qu’on voulait préserver l’aspect “conte”», explique Bouyahmed.
L’acteur joue un personnage similaire à celui qu’on avait auparavant vu brièvement dans le film Né quelque part, aussi de Mohamed Hamidi et d’Alain-Michel Blanc. Un personnage qu’il avait créé en 1997 dans des spectacles de rue. «Je ne l’ai plus jamais rejoué jusqu’à ce que je rencontre Jamel Debbouze [pour qui Bouyahmed et Hamidi écrivent régulièrement et qui tient un rôle dans La vache]. On l’a intégré dans Né quelque part, puis Mohamed a eu envie de le mettre à l’avant-plan dans un film.»
Et dans Fatah, il y a beaucoup Fatsah, reconnaît-il : «On a fait bien attention d’éviter la caricature. Ce genre de personnage, si on va dans la caricature, ça devient très vite une marionnette qui va gesticuler, faire rire, mais du coup, moins toucher les gens.»
Mais visiblement, le film touche les spectateurs. «Après les avant-premières, les gens nous disaient : “Ce film donne une énergie folle, on a envie de faire quelque chose pour les autres après”, se souvient Bouyahmed. J’espère que les gens en sortiront avec une envie de partage, de tolérance, de découverte. Je crois que le film donne envie de se battre pour quelque chose.»
Un homme et sa vache
Si le personnage de Fatsah Bouyahmed croise ceux d’acteurs de renom comme Lambert Wilson et Jamel Debbouze, sa partenaire de jeu principale demeure la vache Jacqueline. «J’ai passé beaucoup de temps avec elle avant le tournage, j’ai appris à m’occuper d’une vache – lui donner à manger, la balader… – parce que mon premier souci était de faire croire qu’elle était à moi. Il fallait qu’elle me reconnaisse.»
Celui qui avait «toujours trouvé dingue les gens qui parlaient avec leur chien» dit pourtant avoir beaucoup parlé avec Jacqueline, et trouvé la séparation difficile. «Elle est attachante! Quand on arrivait quelque part avec elle, les gens nous aimaient tout de suite. Quelques mois après le tournage, on est allés présenter le film au Festival de l’Alpe d’Huez, elle était là, et elle m’a reconnu. Elle m’a donné sa tête, comme elle faisait pendant le tournage.»
La vache
En salle dès le 21 octobre