De la guerre…
Récemment, une nouvelle touchante de l’AFP a été relayée par plusieurs rédactions à travers le monde. C’est le récit d’une poignée de main échangée entre John Kerry, le chef du département d’État américain, et Vo Ban Tam, un éleveur de crevettes vietnamien. Ce qui rend cette rencontre particulière, c’est qu’il y a 50 ans, le premier face à face entre ces deux hommes a été armes au poing pour s’entretuer, durant la guerre du Vietnam. Comme l’a relaté le récit de l’AFP, ce jour-là, le lieutenant de la marine américaine de l’époque, John Kerry, a tué un jeune Viêt-Cong âgé à peine de 24 ans.
L’Américain est rentré dans son pays traumatisé par la guerre, a été décoré pour son courage, est devenu un militant pacifiste et a eu une carrière politique qui a failli le mener au Bureau ovale, en 2004. Le jeune Viêt-Cong tué par John Kerry, on ne sait rien de lui, ni des siens, ni quelle a été l’impact de la disparition d’un des leurs injustement à cause de l’invasion de leur pays par les Américains.
Avec le recul, ce genre de nouvelle nous rappelle une leçon d’histoire qui se répète, celle de l’horreur de la guerre, mais aussi ses ravages des deux côtés de la clôture. Les héros des uns sont les terroristes des autres. Hier, les autres étaient les communistes. Aujourd’hui, ce sont les djihadistes.
Il faut le voir pour le savoir, tous les combattants qui se rallient aux groupes extrémistes islamistes au Moyen-Orient, notamment Daech, ne sont pas fondamentalement des terroristes qui veulent imposer le califat à la planète entière. Un grand nombre représente un regroupement de circonstances de citoyens ordinaires, des enseignants des médecins, des comptables, des garagistes, des fermiers, des ingénieurs ou des infirmiers qui, avant l’invasion irrationnelle de leur pays, l’Irak, vaquaient machinalement à leurs occupations quotidiennes, avec leurs lots de petits bonheurs ou de petites tracasseries. Du jour au lendemain, ils ont perdu injustement leurs maisons, leur pays, leurs emplois, des membres chers de leurs familles, leur dignité, gracieuseté de l’œuvre machiavélique de Georges W. Bush et les faucons de son administration. Cette horrible guerre injuste et ses ravages incommensurables sur le peuple irakien ont été dûment documentés par des reporters de guerres chevronnés et reconnus mondialement.
Combien faudra-t-il de temps pour que des soldats venus d’ailleurs, surtout d’Amérique, débarquent avec de «bonnes intentions» instrumentalisées par des politiciens va-t-en-guerre et finissent par détruire la vie de braves gens qui prennent les armes pour retrouver leur dignité?
Comme l’illustre cette histoire de John Kerry, faut-il attendre un autre demi-siècle avec son lot de victimes innocentes par milliers pour enfin se rendre compte de l’absurdité de la guerre, quelle qu’elle soit? Jusqu’à quand?