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Richard Gere, un fraudeur dans Arbitrage

Photo: Collaboration spéciale

Richard Gere tente de rendre humain un escroc dans Arbitrage.

Dans Arbitrage, réalisé et scénarisé par Nicholas Jarecki, Richard Gere joue un magnat des fonds de recouvrement qui doit rapidement vendre son empire avant que ses fraudes éclatent au grand jour. Vous détestez déjà le personnage, n’est-ce pas?

Mais Gere, un bouddhiste, a voulu faire voir aux spectateurs l’homme derrière le monstre, le travailleur acharné, le mari dévoué. «Mon travail est de prendre le personnage comme il est et de faire en sorte que le public s’identifie suffisamment à lui pour vouloir le suivre, indique l’acteur à Métro. Si vous vous identifiez à lui durant deux heures, c’est que j’ai accompli mon boulot.»

«J’ai 62 ans, poursuit-il. Je sais que, dans la vie, à peu près rien n’est totalement noir ou blanc. Tout, ou presque, est dans la zone de gris.»

Le climat économique actuel ne nous donne pas envie de sympathiser avec un entrepreneur frauduleux. Comment avez-vous réussi à rendre votre personnage attachant?
Je ne regarde pas l’enveloppe d’un personnage. Je me concentre sur l’intérieur. De cette façon, on peut tous s’identifier à un des personnages du film. Ils sont vrais et humains. Même si nous ne connaissons pas de tels gens dans notre entourage, il est très facile de nous les imaginer dans notre vie. C’est une version de Rajat Gupta ou de Bernard Madoff. C’est Geithner, c’est Summers, c’est tous ces hommes. Je n’aime pas vraiment les histoires où on identifie un méchant et où tout le monde part à ses trousses. Ça ne m’interpelle pas. Tout simplement parce que je ne vois pas le monde de cette manière.

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Une citation sur la page d’accueil du site de la Richard Gere Foundation dit : «L’origine de toute souffrance en ce monde est la quête de mon propre bonheur. L’origine de toute joie en ce monde est la quête du bonheur d’autrui.» C’est de Shantideva.

Votre personnage est-il en quête de son propre bonheur ou de celui de sa famille?
Il voit surtout le bonheur dans le pouvoir, dans l’argent, dans sa place dans la communauté, comme beaucoup de mâles alpha d’ailleurs. J’ai la plus belle femme du monde, j’ai une belle petite amie, j’ai une magnifique maison, je suis respecté partout où je vais, je suis à la tête d’une entreprise, je fais construire une bibliothèque, je suis quelqu’un. Madoff était quelqu’un. Il était adoré dans la communauté. Mais un de ses fils s’est suicidé, et sa femme ne veut plus le voir. Vous voyez ce que ça donne quand on se perçoit comme le centre de l’univers…

Où se situe votre personnage, donc?
Il est bouleversé par ce qui lui arrive, mais, du début à la fin du film, il ne change pas. Son monde a changé toutefois. En même temps, vous voyez des personnages comme Bill Clinton qui, en apparence, avait complètement détruit sa famille avec des mensonges et des tromperies. Mais regardez-le aujourd’hui. Qui sait ce que l’avenir peut apporter? Qui sait comment une personne peut changer ou, du moins, donner l’impression de changer? Nous sommes des créatures complexes.

Arbitrage (v.o.a.)
En salle dès le 21 septembre

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