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Appel à une manifestation contre «le racisme de la CAQ» dimanche

Photo: Josie Desmarais/Métro

Plusieurs organisations montréalaises ont dénoncé jeudi le «racisme de la Coalition avenir Québec (CAQ)» et ont appelé à une grande manifestation dimanche le 7 octobre prochain dans les rues de Montréal. «Au moins 1000 personnes» sont attendues à cette marche qui partira de la place Émilie-Gamelin en milieu d’après-midi.

Réunis dans les locaux du Comité social Centre-Sud jeudi matin, la porte-parole de la manifestation, Safa Chebbi, la coordonnatrice de Solidarité Sans Frontières, Javiera Araya, le responsable de Voix juives indépendantes (VJI), Scott Weinstein, ainsi que la membre de l’Association des travailleurs-euses temporaires d’agences de placement, Viviana Medina, ont appelé la population à «prendre la rue» dimanche prochain.

«La CAQ s’intéresse peu à notre climat social, a déclaré d’emblée Mme Chebbi. Mais ce nouveau gouvernement est le fruit de plusieurs années où le racisme a été normalisé dans le débat public. On en est à proposer des politiques et des propositions carrément racistes et anti-immigratoires.»

L’état de la loi est dangereux à l’heure actuelle, selon elle, et pourrait avoir des effets dévastateurs.

«L’impact des discussions identitaires a donné le 29 janvier [jour de l’attentat de Québec], et ça a coûté des victimes et des décès. Il faut faire attention à nos débats publics. Le 29 janvier, avec ce climat social, ce ne sera pas le dernier je pense au Québec.» -Safa Chebbi, porte-parole de la manifestation.

Selon les organisateurs de la manifestation, les propositions de la CAQ touchant l’abaissement des seuils d’immigration, le test des valeurs ou l’expulsion des personnes échouant le test de français «ne sont que des exemples ayant induit une peur non négligeable chez les personnes immigrantes».

De son côté, Javiera Araya et son organisme, Solidarité Sans Frontières, en ont profité pour «appeler à la fin de la collaboration entre le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et les services frontaliers», qu’ils perçoivent comme une union encourageant le racisme systémique. «Il faut mettre en place une ville sanctuaire à Montréal et assurer un statut pour tous et toutes, peu importe leur couleur de peau ou leur origine», a-t-elle ajouté.

Lui aussi indigné par ce qu’il appelle la «parole cachée» de la CAQ, Scott Weinstein a invité les enseignants «à effectuer des distributions civiles pour porter des signes religieux à l’école, afin d’aller contre cette règle discriminatoire». Il a convié les professeurs «athéistes» et les citoyens à appuyer cette revendication sociopolitique et à combattre «cette attaque contre le travail et la liberté de foi».

Mexicaine d’origine, Viviana Medina a quant à elle dit très tôt dans son discours que le fait de croire que le Canada n’est pas raciste est un mythe. «C’est un pays fondé à partir de la colonisation, de l’extermination des peuples autochtones», a-t-elle lancé. À ses dires, les propositions de la CAQ amènent en plus «une radicalisation du marché du travail».

«Je suis insécure parce que le nouveau parti au pouvoir, je sens qu’ils vont me déporter tout de suite à cause de mon français, a-t-elle avancé. Je pense que je vais préparer mes valises bientôt.»

Une situation urgente
Aujourd’hui, la situation est d’autant plus inquiétante que la CAQ vient de remporter les élections et dispose d’une forte majorité parlementaire, ont dénoncé les porte-parole. «Durant la campagne, les personnes immigrantes ont servi de boucs émissaires», ont-ils plaidé.

En soutien à la cause, le militant altermondialiste Jaggi Singh était également sur les lieux au moment de l’annonce. Il devrait être présent à la manifestation dimanche.

Les femmes portant le hijab auront été «une cible de choix» à leurs dires, en proposant des politiques leur interdisant de travailler, et ce, même en tant qu’éducatrices. «Occuper la rue n’est plus un choix. Il y a urgence et nous ne pouvons nous délester de nos responsabilités», peut-on lire dans un communiqué.

Cette manifestation fait suite à un autre grand rassemblement contre la haine et le racisme qui s’était tenu le 12 novembre 2017. À cette date, plus de 168 groupes de divers horizons et près de 5000 personnes s’étaient réunis pour s’opposer à l’extrême-droite et dénoncer la montée d’un discours xénophobe dans l’espace public, en revendiquant un Québec se voulant «sans frontière, solidaire et inclusif».

La CAQ nie être raciste
La CAQ s’est défendue mercredi d’être raciste. Son député, Simon Jolin-Barrette, a insisté pour dire que la formation politique dirigée par François Legault était «ouverte».

«Il faut simplement rappeler que le Québec est une terre d’accueil, un Québec ouvert et inclusif. Et même si La Meute a déjà exprimé son adhésion aux positions de la CAQ, le parti ne veut surtout pas y être associé.» -Simon Jolin-Barrette, député caquiste de Borduas

M. Jolin-Barrette a du même coup rejeté les comparaisons entre la CAQ et les partis d’extrême-droite en Europe. Au lendemain de l’élection du gouvernement majoritaire de la CAQ, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen a écrit sur les réseaux sociaux «que les Québécois ont voté pour moins d’immigration». «La lucidité et la fermeté face au défi migratoire est le point commun des élections de quasiment tous les pays du monde confrontés à cet enjeu», a-t-elle ajouté.

«On n’accepte aucunement [des] commentaires de Mme Le Pen», a répliqué le député caquiste de Borduas.

Or, pour Safa Chebbi, ce refus d’association n’est pas suffisant. «Ça n’a aucune importance, car de toute façon, le projet politique [de M. Legault] trouve écho chez plusieurs forces d’extrême-droite, la preuve étant que Marine Le Pen a été la première à le féliciter», a-t-elle déploré.

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