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Les 70 ans du Freak de Montréal, Lucien Francoeur

Photo: Josie Desmarais/Métro

Lucien Francoeur, le chaman de la contre-culture, a… 70 ans! À l’occasion du festival Coup de cœur francophone, il nous convie à un party aux Foufounes électriques en compagnie de Nancy Beaudoin, Billy, Shirley et autres P’tit gros des tavernes…

«Il y a cinq ou six mois, ma blonde, la poète Claudine Bertrand, m’a dit : Il y a un gars, là-bas, qui ne cesse de te regarder. Je pense qu’il veut te parler. Je suis allé le voir et je lui ai dit : T’es Jean Leloup, toé? Parce que moi, de toute façon, je t’haïs au boutte. Son visage est devenu blême, il est tellement insécure que c’était comme lui asséner un coup de masse sur la tête. Puis, j’ai ajouté : C’est parce tu as fait les disques que j’aurais voulu faire. Il a souri et m’a rétorqué : Si je n’avais pas connu Aut’Chose, je n’aurais jamais pensé à faire de la musique», se remémore le «rockeur sanctifié» en sirotant son verre de scotch.

C’est qu’il en aura influencé du monde, ce «Billy the Kid du Faubourg à m’lasse» qui, adolescent, s’en est allé voir si la vie était ailleurs en parcourant les rues de Greenwich Village.

Pas pour rien non plus que le GAMIQ, le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec, créé en 2006, a conçu les trophées «Lucien», des statuettes à son effigie et à son prénom.

Et c’est aussi en raison de cet ascendant sur toute une génération, voire deux ou trois, qu’il a pu s’entourer d’un dream team de musiciens issus de la scène rock (Alex Crow, Vincent Peake, Joe Evil, Michel Langevin et le vétéran de la première mouture, Jacques Racine) pour reformer Aut’Chose en 2004, avec ces desperados de la note qui, déjà à l’adolescence, écoutaient ses «records psychédéliques».

«J’ai survécu à mes détracteurs, mais aussi, malheureusement, à ceux que j’aimais comme Gerry (Boulet) ou Piggy (Denis D’Amour, de Voïvod). En même temps que j’ai gagné, j’ai perdu, puisque ma victoire, je la célèbre tout seul. Heureusement, tout se rétrécit et s’amenuise grâce à ma fille Virginie.» -Lucien Francoeur, pape de la contre-culture québécoise

De précieux invités
Des disques qui ont marqué l’imaginaire collectif, avec des succès comme Le Rap-à-Billy, Nancy Beaudoin, Le Freak de Montréal, Bar-B-Q Lady, Ch’t’aime pis ch’t’en veux, Chanson d’épouvante ou encore Prends une chance avec moé.

Tous des titres que le public pourra réentendre, en plus des prestations, en première partie, de 11 poètes et chanteurs, dont Claude Péloquin, Fernand Durepos, Jean-Paul Daoust, Claudine Bertrand, Yann Perreau, Michel Faubert et Virginie Francoeur.

Le tout sera animé par le toujours drôle MC Gilles.

«Je fais encore une vingtaine de shows par année», lance Francoeur, qui devrait aussi revisiter son boogie-woogie Des grands boulevards pour l’occasion.

Un titre qui s’apparente à Roadhouse Blues des Doors. L’une de ses grandes influences, avec Arthur Rimbaud.

Un poète qu’il a contribué à faire rayonner, autant auprès de ses étudiants durant sa carrière d’enseignant, au Collège de Rosemont, que lors de ses interventions au populaire Francoeur Show, qu’il anima sur les ondes hertziennes (CKOI).

«Je suis un bipolaire non diagnostiqué, et qui ne veut pas l’être, mais depuis 15 ou 20 ans la vie est facile pour moi côté poète rock. Je suis respecté comme auteur, l’intelligentsia est tombée – mes détracteurs sont morts ou à la retraite –, et si tu vis assez longtemps, comme c’est mon cas, tu vois les enfants de ceux qui t’ont haï tripper sur toé! Ça, c’est la plus belle vengeance au cœur de Lucien», rigole l’éternel rebelle, avant de saluer l’arrivée de l’internet, qui permet de s’affranchir des maisons de disques et autres décideurs qui imposaient leur volonté.

«Quand ça n’allait pas dans un domaine, je me réinventais toujours. Où cela a le mieux marché pour moi, ce fut à CKOI FM. J’y ai connu des années de gloire immense, avec tout ce que cela signifie sur le plan de l’argent, du pouvoir et de l’amour du public. S’il y avait un article que je n’aimais pas dans un journal, tu peux être sûr que le lendemain, en ondes, je m’y attaquais. J’ai tellement aimé ce pouvoir du micro que c’est devenu comme une drogue. D’ailleurs, la drogue a suivi, puisque j’étais invité dans tous les bars», se souvient Francoeur, qui a repeint la ville en rouge plus souvent qu’à son tour.

Fréquemment en proie à la dépression depuis une dizaine d’années, il retrouve une certaine lueur dans les yeux lorsqu’il parle de sa fille, Virginie, dont il est très fier, et de la scène, qu’il a retrouvée en 2004 grâce à Ronald McGregor qui, aujourd’hui encore, est un allié indispensable.

«Quand j’embarque sur scène avec mes plumes d’Amérindien, plus rien n’existe et je défends mes tounes mieux que jamais.»

Même à 70 balais, Johnny Frisson n’a pas fini de chanter pour les «voleurs de Corvette» et autres sauvageons. En plus de préparer un nouvel album de chansons originales et un recueil de poèmes, il est suivi par une équipe de cinéma, chapeautée par le réalisateur Yves Simoneau, qui prépare un «rockumentaire», parsemé d’images d’archives.

Hollywood en Plywood ne perd rien pour attendre.

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