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Répertoire des villes disparues: Variations fantômes

Répertoire des villes disparues prend l’affiche le 15 février au Québec. / couzin films Photo:

Denis Côté ratisse large avec son 11e long métrage, Répertoire des villes disparues, où l’inconnu fragilise une communauté rurale.

Depuis le décès mystérieux d’un jeune homme, l’apparition d’intrigantes silhouettes sème l’émoi chez les habitants, qui sont campés notamment par Robert Naylor, Diane Lavallée, Josée Deschênes et Jean-Michel Anctil.

Au film de deuil classique mâtiné d’éléments fantastiques et surnaturels, Denis Côté incorpore des thèmes sociaux, comme la peur de la différence et la résistance au changement. L’idéal pour parler d’immigration et de xénophobie.

«Les morts qui reviennent, c’est quoi? J’appelle ça des nouveaux arrivants», lance en entrevue celui qui a adapté très librement le livre de Laurence Olivier.

Plus intimiste que jamais, son cinéma hivernal est porté par une caméra à l’épaule aux effets presque fantomatiques, qui tente de filmer ce qui est en train de disparaître – notamment la désintégration du tissu rural –, tout en s’élevant vers des questions métaphysiques.

«C’est épeurant comment je me sens libre; j’ai l’impression que je pourrais faire n’importe quoi. – Denis Côté, évoquant sa liberté artistique

«C’est un film qui témoigne d’une inquiétude morale qui est très palpable dans nos sociétés, évoque de son côté l’actrice Larissa Corriveau, qui interprète la mystique du village. Ce sont des peurs inconscientes, invisibles, qui font partie de nos vies. On sera tous confrontés un jour ou l’autre à des phénomènes inévitables qu’on ne peut expliquer, comme la mort, et ce n’est pas la science et nos connaissances qui vont nous guérir de cette inquiétude.»

Le «nous» est ainsi tout aussi important que les «autres» dans ce faux film de genre, qui n’est pas sans rappeler Les affamés de Robin Aubert, mais également Solaris d’Andreï Tarkovski.

«J’ai l’impression que Denis s’est commis davantage, qu’il a regardé ses peurs en face», s’avance Larissa Corriveau.

«Je ne parle pas beaucoup de moi dans mes films, contrairement à plein de films québécois, relativise en rigolant le principal intéressé, qui vient déjà de finir le tournage de son 12e long métrage, au coût de 12 000$. C’est plutôt un concentré, un répertoire, un petit catalogue des peurs qu’il peut y avoir dans la société québécoise quand elle est confrontée à la différence.»

L’Allemagne à la porte

C’est ce lundi que Répertoire des villes disparues sera projeté à la Berlinale, un des quatre festivals de cinéma les plus importants de la planète, et celui où Denis Côté se sent le plus «confortable», lui qui y a présenté par le passé Vic + Flo ont vu un ours (prix Alfred-Bauer) et Boris sans Béatrice.

En attendant sa sortie en salle au Québec vendredi prochain, le Goethe-Institut offre jusqu’au 24 février carte blanche à Denis Côté. On pourra ainsi découvrir au Cinéma du Parc quelques-uns des films allemands les plus marquant des dernières années (l’immense Western, le déroutant Yella), tout en attrapant les inclassables classiques que sont Willow Springs, Ticket of No Return et L’énigme de Kaspar Hauser.

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