Boeing va suspendre la production du 737 MAX à partir de janvier
Le constructeur aéronautique Boeing s’est résolu lundi à suspendre, à partir de janvier, la production de son avion vedette, le 737 MAX, faute d’avoir obtenu l’aval des autorités aériennes pour le faire revoler, après deux accidents qui ont fait 346 morts en quelques mois.
L’avionneur américain dit avoir évalué «continuellement» ses plans de production en cas d’immobilisation prolongée du MAX. Son avion est cloué au sol depuis mi-mars et pour l’heure, aucune date de remise en service n’a été avancée.
«À la suite de cette évaluation continue, nous avons décidé de donner la priorité à la livraison des avions stockés et de suspendre temporairement la production du programme 737 à partir du mois prochain», a-t-il indiqué dans un communiqué.
Boeing, qui n’a pas indiqué combien de temps pourrait durer cet arrêt de la production, a précisé qu’il dévoilerait l’impact financier à l’occasion de la publication de ses résultats annuels, fin janvier.
En outre, il assure qu’à ce stade, il ne prévoit pas de suppressions d’emplois.
Pour autant, cette décision risque de perturber la réorganisation de ses effectifs et devra affecter durement ses sous-traitants. Les petits sous-traitants, qui disposent de moins de liquidité, sont les plus vulnérables.
Quelque 12 000 personnes travaillent sur la production du 737 MAX à Renton, en banlieue de Seattle (États-Unis).
Selon une source proche des discussions citée par le Seattle Times, une partie de ces employés pourrait être transférée vers d’autres usines de la région.
«Nous pensons que cette décision perturbe le moins le maintien du système de production à long terme et la santé de la chaîne d’approvisionnement», a commenté de son côté Boeing, dont les exportations pèsent lourds dans la balance commerciale des États-Unis.
Cette décision, prise au cours d’un conseil d’administration lundi, est motivée par un certain nombre de facteurs, a de plus expliqué l’avionneur, notamment l’incertitude concernant le calendrier et les conditions de remise en service de l’appareil ainsi que les approbations relatives à la formation des pilotes à l’échelle mondiale.
«Nous continuerons d’évaluer nos progrès en vue de la remise en service (du MAX) et de prendre des décisions quant à la reprise de la production et des livraisons en conséquence», poursuit Boeing.
«La remise en service du 737 MAX en toute sécurité est notre priorité absolue», a par ailleurs souligné l’avionneur qui a essuyé des critiques sur le fait qu’il ait fait pression sur ses équipes du programme MAX pour augmenter la production de l’appareil pour rattraper son rival européen Airbus et son A320neo.
Boeing dit également avoir conscience que l’approbation de la remise en service du 737 MAX et les exigences de formation passent par un processus très complexe et minutieux
En octobre, il avait préparé les esprits à une éventuelle suspension de la production, en indiquant qu’il réfléchissait soit à suspendre, soit à réduire la production alors que les exemplaires s’accumulent dans son usine américaine de Renton, près de Seattle.
Après l’immobilisation de toute la flotte, Boeing avait décidé de légèrement réduire les cadences de production pour les faire passer de 52 à 42 appareils par mois. Il pensait alors que l’interdiction de vol ne durerait pas.
Neuf mois plus tard, le MAX n’a toujours pas repris les airs.
Et le régulateur américain, la FAA, qui a été vertement critiqué dans le processus de certification, martèle qu’il ne donnera pas son assentiment avant d’être assuré que les correctifs apportés à l’appareil assurent une sécurité maximale.
La décision de clouer au sol les 737 MAX avait été prise par les autorités du monde entier après l’accident d’un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts le 10 mars dernier.
Cette tragédie était survenue moins de cinq mois après l’accident meurtrier d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air, fin octobre 2018, qui avait tué 189 personnes dans des conditions similaires.
Dans les deux catastrophes, le système anti-décrochage MCAS a été mis en cause.
L’action de Boeing a perdu 4,3% lundi en séance officielle.