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Une PME montréalaise sur deux demandera la subvention salariale de 75%

Plusieurs de restaurants de Montréal ont fermé depuis le début de la pandémie.
Un restaurant rue Saint-Laurent fermé à cause du coronavirus. Photo: Josie Desmarais/Métro

Plus de la moitié des PME montréalaises (52%) feront dans les prochains jours une demande pour obtenir la subvention salariale d’urgence (SSUC) du gouvernement fédéral, dont le portail d’assistance a officiellement été lancé lundi. C’est du moins ce que révèlent les données d’une nouvelle enquête de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Quels impacts aura cette nouvelle mesure, alors que la relance économique approche de plus en plus au Québec? La question est sur toutes les lèvres. «C’est un bon timing, et une bonne nouvelle. Disons que l’aide financière arrive à point pour plusieurs entrepreneurs. On espère qu’ils pourront commencer en grand nombre à ramener des travailleurs dans leur commerce», explique l’analyste politique à la FCEI, Gopinath Jeyabalaratnam.

Selon lui, plusieurs questions demeurent toutefois encore en suspens, surtout quant à l’application de cette nouvelle subvention dans chaque PME.

«On se demande si le salaire de base de l’employeur est inclus là-dedans, et quelles seront les taxes sur la masse salariale qui seront remboursées? Aussi, est-ce que le 75% va prendre en compte les cotisations au RQAP?» -Gopinath Jeyabalaratnam, de la FCEI

D’ailleurs, il reste un goût amer derrière le programme fédéral. En effet, d’après les chiffres de la FCEI, le quart des entreprises de Montréal (25%) ne comptent pas réengager de personnel, même avec l’arrivée de la subvention, car elles devront d’abord éponger les déficits. «Il y aura beaucoup de mises à pied qui vont se transformer en coupes permanentes. Le programme a été annoncé trop tard, nous disent plusieurs entreprises», constate M. Jeyabalaratnam.

Toute forme d’aide «sera appréciée»

Joint par Métro, Nicolas Roy, le directeur général de l’organisme PME MTL, qui rassemble des centaines d’entreprises dans la région métropolitaine, est sans équivoque. «La principale dépense, pour de 90% de nos clients, ce sont les salaires. Pour être prêtes à faire face à la demande lorsque l’économie reprendra, les PME ont besoin de leurs ressources clés et pour y arriver, toute forme d’aide sera appréciée», indique-t-il.

Il soutient que le gouvernement démontre aujourd’hui qu’il «est à l’écoute».

«Même si elle prend du temps à être déployée, cette subvention a donné de l’espoir aux entrepreneurs. Nous saluons cette mesure qui récompense les entreprises qui ont pu garder leurs ressources en place.» -Nicolas Roy, directeur de PME MTL

Pour le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM), Billy Walsh, la SSUC est toutefois à accueillir en deux teintes. «Oui, ça a un impact sur la relance, sur les finances du gouvernement fédéral et ça permet d’éviter un afflux massif de prestataires d’assurance-emploi. Mais en même temps, ça n’aide en rien le besoin criant de liquidités pour le loyer, notamment», fait-il valoir.

«C’est un pas dans la bonne direction, mais il y a encore plein d’éléments qui devront être retravaillés. Il faut soutenir les commerçants qui sont imaginatifs, qui se renouvellent. C’est avec eux qu’on va bâtir cette relance.» -Billy Walsh, de l’ASDCM

La CCMM veut «réfléchir» la fin des programmes

Joint par Métro, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, dit pour sa part vouloir préparer l’après-coronavirus.

«Ce programme-là répond aux besoins de plusieurs entreprises, mais il y a une question qui se pose. L’annonce fédérale va jusqu’au 6 juin. Probablement que si le confinement est encore en vigueur, ce ne sera pas arrêté. Est-ce qu’on devra alors réduire à 50%? Les entreprises vont avoir besoin de réponses pour planifier la prochaine étape.» -Michel Leblanc, de la CCMM

M. Leblanc s’attend à ce qu’une réponse des autorités fédérales soit donnée à ce sujet «dans les dix prochains jours», alors que le mois de juin «s’en vient vite». «Il va falloir adresser la question du redémarrage et ce qui adviendra des programmes d’aide», insiste le porte-parole. Chose certaine, selon lui: les entreprises qui ont réussi à garder «le plus de liens d’emploi possibles» vont pouvoir redémarrer leurs activités «beaucoup plus facilement» après la crise sanitaire.

Plus de 10 000 entreprises ont déjà soumis une demande pour la subvention salariale offerte par le gouvernement fédéral, a fait savoir le premier ministre Justin Trudeau lundi avant-midi. Les premiers transferts d’argent aux entreprises débuteront le 7 mai.

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