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Lafrenière ministre: des Autochtones se disent «sous le choc»

Le ministre Ian Lafrenière
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière Photo: Capture d'écran

De ce qu’a pu constater la directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, sa communauté est «sous le choc» à la suite de la nomination du ministre Ian Lafrenière, qui remplace Sylvie D’amours aux Affaires autochtones. Québec aurait idéalement dû nommer une personne autochtone, a-t-elle indiqué à Métro

«Notre communauté avait besoin de quelqu’un qui comprend le racisme systémique. Ainsi que les générations d’oppression vécues par les Autochtones, indique Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal. Voire mieux: il aurait fallu nommer une personne elle-même Autochtone. 

Qu’un ancien policier soit en charge de ce ministère, c’est comme si «c’était l’oppresseur qui se retrouvait en charge», ajoute Nakuset. 

«J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une blague. Est-ce que quelqu’un a même lu les recommandations de la Commission Viens? Cette décision va à leur encontre.» -Nakuset

Rappelons qu’en 2019, cette Commission d’enquête sur les relations entre les autochtones et certains services publics avançait 142 mesures pour favoriser l’écoute et la réconciliation avec la communauté autochtone. 

«Les relations difficiles qu’entretiennent la police et ces communautés à Montréal sont un problème depuis des années, ajoute Nakuset. Le rôle de Ian Lafrenière au sein du SPVM a été de minimiser nos préoccupations. Et non pas de les adresser. Comment le gouvernement a-t-il pu sentir qu’il était la personne appropriée?» 

Rebâtir la confiance, «un long chemin»

Même surprise du côté de la Ligue des droits et libertés, comme l’indique à Métro sa directrice Alexandra Pierre. Pour la Ligue, le minimum aurait été de nommer une personne qui démontre d’un engagement pour les Autochtones et qui connaît leurs réalités. 

«Pour tout dire, à la Ligue, on a trouvé que c’était un message bien cynique de la part du gouvernement compte tenu de la relation difficile qu’entretient la police avec cette communauté depuis des années.» 

Elle rappelle que la commission Viens a été mise sur pied en réponse aux abus de pouvoir et aux violences commises envers les femmes autochtones. Y compris par des policiers à Val-d’Or. 

«Qui plus est, M. Lafrenière n’est pas n’importe qui. Durant son mandat au sein du SPVM, il a systématiquement refusé de reconnaître le profilage racial et le racisme systémique», dit-elle à Métro

Rebâtir le lien de confiance entre le gouvernement et la population autochtone pourrait être problématique, selon elle: «De mon point de vue d’alliée, extérieur, mais concerné, cela semble être un bien long chemin.» 

«Jugez-moi sur mes actions», répond Lafrenière

Contacté par Métro, le ministre Lafrenière affirme que sa priorité est d’abord d’établir une relation de confiance avec les membres des Premières nations et les Inuits. 

Il rappelle, qu’aussitôt assermenté, il a appelé les chefs afin d’entamer un dialogue ouvert avec eux. 

«Certes j’ai été policier pendant 28 ans, mais depuis les deux dernières années, je suis député à l’Assemblée nationale. Je suis confiant d’avoir démontré que je suis là pour servir les gens. Notamment par mon rôle au sein de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.» – Ian Lafrenière 

Il ajoute ne pas mettre «de côté [son] passé», et affirme que celui-ci lui a notamment permis de travailler avec les communautés autochtones, et ainsi de connaître «leurs réalités et leurs revendications». 

«Mon rôle sera d’ailleurs de porter leur voix au sein du Conseil des ministres et à l’Assemblée nationale. C’est un travail que j’entends accomplir avec tous mes collègues députés, de façon non partisane. Ce que je demande aux différentes communautés, c’est de me juger sur mes actions.»

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