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BEYRIES, profondément ancrée

BEYRIES Photo: Josie Desmarais/Métro

 

Fini le vacarme ambiant. Fini la pression extérieure. Fini les réseaux sociaux. Pour composer son deuxième album, Encounter, BEYRIES s’est ancrée profondément en elle-même. Le résultat est une collection de 11 chansons folk-pop lumineuses et ressenties d’une sincérité désarmante.

Les subtiles percussions du premier morceau, What We Have, font penser à un battement de cœur. Justement, Amélie Beyries a mis tout son cœur dans la conception de cet album introspectif et incarné, qui apaise et transporte.

«J’ai envie de faire les plus belles chansons possible», soutient l’artiste à la voix feutrée et enveloppante. Pour y arriver, elle s’est dépouillée de tout ce qui était superflu et s’est «plongée corps et âme» dans la création.

Elle a d’abord fait fi des attentes et de la pression qui accompagnent trop souvent la venue d’un deuxième album. Un défi de taille, surtout que son premier effort, Landing, a connu un immense succès dès son atterrissage dans nos oreilles en 2017.

«On a toujours envie de se surpasser comme artiste, de présenter quelque chose qui est intéressant, pertinent…, réfléchit-elle à voix haute. Si tu commences à faire ce que les gens veulent que tu fasses, c’est un énorme piège. Il faut vraiment se connecter à soi.»

Une façon de faire a été de se couper des réseaux sociaux. «J’ai gardé mon compte d’artiste, mais j’ai supprimé tous mes comptes personnels. C’était too much. C’était too much», répète-t-elle.

Artiste à contre-courant, BEYRIES mise sur la qualité et non la quantité. «Moi, parler pour parler, faire du bruit, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. Si je ne sens pas qu’il y a vraiment quelque chose de profond, je vais passer à autre chose», explique-t-elle en buvant un café.

Après avoir vécu le bouillonnement de la vie de tournée et voyagé un peu partout avec Landing, l’autrice-compositrice-interprète a eu besoin de s’ancrer. «J’étais complètement stimulée de toute part», décrit-elle pour résumer son état d’esprit d’alors.

Puis, vint le calme après la tempête. «Je suis entrée dans un mode vraiment introspectif», poursuit-elle. Mais rapidement, BEYRIES a compris que son album ne serait pas prêt pour février 2020, moment prévu de sa sortie. «J’avais envie de travailler l’album de façon beaucoup plus profonde que ce que j’étais en train de faire», raconte-t-elle.

La sortie a donc été reportée au mois d’août, puis à aujourd’hui en raison de la pandémie. «Je n’avais pas le choix, ce n’était pas une option, assure-t-elle. Pour moi, ça aurait été une catastrophe de sortir ça au début de l’année. J’étais partie avec un bon élan, mais il y avait beaucoup plus de travail que je pensais.»

Perfectionniste, Amélie a retravaillé les textes de ses chansons jusqu’à la dernière minute, raconte-t-elle en riant. «Il a fallu que je me dise : “Ça va être ça, advienne que pourra!” Je me sens vraiment en paix maintenant. J’ai travaillé vraiment fort. Sincèrement.»

Au bout du compte, ce nouvel album arrive à point pour cette fin d’année en dents de scie. «Je me rends compte à quel point les chansons que j’ai composées sont tellement en synchronicité avec ce qu’on vit en ce moment», dit-elle, citant entre autres Over Me et Graceless.

Cette dernière se démarque du lot. Alors que la plupart des textes d’Encounter traitent de sentiments intimes, Graceless s’inspire de l’état fragile du monde. Très 2020, il va sans dire.

Lorsqu’elle chante les mots «egocentric freak craving fame», on devine immédiatement à qui elle fait allusion. Rencontrée deux jours avant le scrutin chez nos voisins du sud, la chanteuse nous a fait part de ses préoccupations quant à la suite du monde.

«Il y a quelque chose d’inquiétant dans l’air depuis quelques années. Est-ce qu’on a vraiment un pouvoir? Est-ce qu’on est voué à l’échec? Est-ce qu’on est trop confiants, ou pas assez? Ce sont des questions que je me pose.»

Ses autres textes sont évocateurs et libres à l’interprétation, ce qui plait à la chanteuse qui peut ainsi entretenir un certain mystère. «Des fois c’est de la fiction, des fois c’est du réel. On ne sait pas trop», commente-t-elle

Elle raconte alors la fascinante histoire de Closely, chanson qu’elle a commencée en 2008. «Au départ, c’était plus une ambiance, je n’avais pas trouvé la trame narrative. Puis, j’ai vécu des trucs, j’ai des amis qui ont perdu des parents de façon rapide…»

Au final, différentes idées convergent à l’intérieur de ce même morceau. «Ça évoque autant la perte subite de quelqu’un qu’on aime, les mensonges qu’on se raconte et les regrets qu’on peut avoir quand on perd quelqu’un.»

Rencontre

Malgré une longue journée d’entrevues, BEYRIES est généreuse et discute avec une passion contagieuse. C’est qu’elle s’investit dans chacune de ses relations, qu’elles soient éphémères, par exemple avec les journalistes, ou à long terme,  comme avec sa gérante Emmanuelle Girard, son réalisateur Alex McMahon ou encore son complice Maxime Le Flaguais.

D’où le titre de son album, qui signifie «rencontre» en français. «Ce qui me fait triper, c’est vraiment la connexion avec les autres, dit BEYRIES. Cette connexion peut passer par plein de choses : les mots, la musique, un silence…»

Elle tourne alors la tête vers son maquilleur, Jean-François, présent lors de notre rencontre. «C’est lui qui m’a maquillée au premier vidéoclip, il est encore là! Pour moi, c’est important d’approfondir mes relations.»

«Je crois profondément que l’autre, c’est nous. Dans cette optique, quand j’utilise le pronom you, je peux parler de toi en parlant de moi et vice-versa.» -BEYRIES

Ces échanges l’ont stimulée à plusieurs égards dans la création. Par exemple, Alex McMahon l’a menée à rendre sa musique plus «extravertie». En effet, sans s’éloigner de son fidèle piano, BEYRIES explore plusieurs avenues musicales sur Encounter et embrasse davantage d’influences.

Son fidèle collaborateur, que plusieurs ont découvert au printemps grâce au succès Mange mes pets COVID, l’a aidé à sortir de sa zone de confort, notamment sur Graceless, mentionnée précédemment.

«Pour être très honnête, Graceless, je n’étais vraiment pas sûre, se souvient-elle en riant. Finalement, je suis très contente de l’avoir embrassée cette chanson. Mais tu vois, c’est parce que j’ai vraiment travaillé le texte jusqu’à la fin. Je voulais que le texte soit fort, qu’il soit profond, qu’il soit ancré.»

Sur la percutante Story Of Eva, elle s’aventure plutôt dans le grunge. «C’est mon côté Nirvana qui est ressorti! Là, je raconte l’histoire de quelqu’un d’autre», ajoute-t-elle à propos de ce titre hyper chargé.

BEYRIES a aussi porté une attention détaillée à son interprétation des textes et au poids des mots qu’elle chante grâce aux bons conseils de son ami d’enfance Maxime Le Flaguais, comédien et poète, qui a écrit les paroles de la très jolie Nous sommes et qui signait J’aurai cent ans sur Landing. «Les acteurs au théâtre peuvent passer une semaine sur une phrase, dans l’intention, sur le petit geste, dans le regard, explique-t-elle. Ils ont une immense rigueur. J’ai énormément appris avec lui.»


Encounter

En vente dès le 13 novembre

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