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Facebook, espace sans nouvelles?

Facebook, espace sans nouvelles? Australie
Photo: Chesnot/Getty Images

À la suite d’évènements récents en Australie, Métro s’intéresse à la direction que pourrait prendre la législation visant les réseaux sociaux dans le monde.

L’Australie a récemment passé une législation visant à faire payer Google et Facebook pour les contenus d’actualité sur leurs plateformes respectives, une première mondiale. L’idée d’une règlementation similaire partout dans le monde a fait l’objet d’une farouche opposition des géants technologiques américains. Ceux-ci soutiennent que ce concept résulte d’une méconnaissance «fondamentale» du fonctionnement d’internet.

Les médias sociaux ont interdit tout contenu d’actualité australienne et supprimé plus de 100 pages qui n’étaient pourtant pas des sites de nouvelles, y compris les principales agences de santé et d’urgence. Facebook a par la suite accepté de renverser sa décision après avoir négocié avec le gouvernement, ce qui a mené à des changements à la loi intitulée News Media Bargaining Code.

«Facebook a de nouveau ajouté l’Australie comme ami», a indiqué à des journalistes le fondateur et chef de la direction du réseau social, Mark Zuckerberg.

Selon Alexandra Wake, directrice du Département de journalisme à l’Université RMIT, l’Australie avait déjà l’un des secteurs médiatiques les plus concentrés dans le monde occidental. Et alors que la plupart des publicités migrent vers les plateformes en ligne, de plus en plus de salles de nouvelles ont fermé, créant ainsi des déserts médiatiques.

«La loi en est à ses débuts, alors on a besoin de temps pour voir si elle accomplit ce pourquoi elle a été créée et qu’elle mène à un meilleur soutien financier pour du journalisme de qualité.» – Andrea Carson, professeure associée au Département de politique, médias et philosophie à l’Université La Trobe

Soutenir les nouvelles

«Même si on a deux diffuseurs publics très puissants, ABC et SBS, tous les deux façonnés selon la tradition de la BBC, on a besoin de plus pour soutenir l’approvisionnement en nouvelles vers les communautés du pays. La nouvelle loi avait été créée pour forcer les grandes plateformes à faire leur part pour payer pour les nouvelles [qui sont dispendieuses à créer]», explique-t-elle à Métro.

Elle ajoute que «ce qui est bien, c’est que les grands médias ont réussi à obtenir des fonds de Google et Facebook. La mauvaise nouvelle, c’est qu’à ce stade-ci, les organisations de presse petites et indépendantes n’ont pas eu leur part du gâteau», souligne-t-elle.

Au cours des dernières années, Facebook et Google se sont retrouvées sous les projecteurs pour des scandales comme celui de Cambridge Analytica et ont dû payer des millions de dollars en amendes pour des pratiques monopolistiques en Europe et aux États-Unis.

«J’ai peur qu’une victoire à court terme ici ne sera pas suffisante ultimement. Les salles de nouvelles doivent trouver une façon de relayer l’information qu’elles produisent aux citoyens qui ne les placera pas à la merci de quelques géants basés dans d’autres pays. Facebook pourrait se retourner demain et retirer les nouvelles de sa plateforme. Au moins, nous savons maintenant qu’ils vont le faire. On doit trouver de meilleures façons de distribuer et financer les nouvelles. C’est quelque chose sur quoi des chercheurs de plusieurs pays travaillent. En mon sens, c’est quelque chose d’aussi urgent que d’obtenir un vaccin contre la COVID-19. Du journalisme bien informé, fouillé et indépendant est nécessaire pour garder les citoyens et les


Trois questions à…

Andrea Carson, professeure associée au Département de politique, médias et philosophie à l’Université La Trobe, en Australie

Comment est-ce que le News Media Bargaining Code a émergé ?

À la suite d’une enquête de deux ans, le chien de garde australien de la concurrence, la Commission australienne de compétition et des consommateurs, a recommandé au gouvernement fédéral en 2019 de régler le déséquilibre de pouvoir de marché entre les grandes plateformes de technologie numérique (Facebook et Google) et les médias grand public (médias imprimés, radio et télévision).

Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Les avantages de cette loi sont que les plateformes technologiques doivent désormais payer les entreprises médiatiques pour le contenu qui apparait sur leur plateforme, ce qui donne aux médias un influx de revenus nécessaire pour soutenir le journalisme. Les inconvénients sont que cette loi a des lacunes.

Les compagnies technologiques peuvent toujours se retirer du marché australien si elles sont contraintes à un arbitrage indépendant sur le montant qu’elles devraient payer aux entreprises médiatiques. Également, les petites compagnies médiatiques ne sont pas inclues dans les accords parce qu’elles ne rencontrent pas le seuil de revenus annuels de 116 300$ à raison de trois années sur cinq.

Pensez-vous que ce type de législations pourrait apparaître ailleurs dans le monde ?

Oui, mais peut-être pas sous le même modèle. Je pense que d’autres pays iront de l’avant en introduisant une taxe sur la publicité numérique et en redistribuant les fonds amassés directement au journalisme d’intérêt public. En vertu de la loi australienne, ce sont là des accords commerciaux entre la plateforme et les entreprises de médias et il n’y a pas de garantie que le financement ira vers le journalisme d’intérêt public, même si c’est là l’intention.

 

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