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Retraite dans un ashram: loin de «Mange, prie, aime»

Photo: Sarah-Émilie Nault

Dissimulé dans les montagnes des Laurentides, le ashram Sivananda attire amateurs de ressourcement et voyageurs s’imaginant suivre les traces de Julia Roberts dans Mange, prie, aime. Si l’introspection et la pratique du yoga sont assurément au rendez-vous, ces retraites déboulonnent toutefois nos visions romantiques.

Nous sommes revenues épuisée de notre séjour au ashram de Val-Morin, parce que le tableau d’activités quotidiennes est admirablement rempli et parce que, disons-le, ça peut être tout un travail que d’entrer en connexion avec soi-même.

Ce n’est pas tout le monde qui a l’habitude de se lever à 5h30 au son du gong chaque matin pour prier en groupe, randonner en silence pour méditer aux abords du lac, retourner au camp pour poursuivre méditation et prières, et faire une heure trente de yoga. Tout cela AVANT d’aller enfin bruncher à 10h!

Nous aurions cru, d’ailleurs, que les repas – végétariens – seraient pris dans un calme digne de la quiétude et de la vocation de ce large domaine… Mais ce sont plutôt des discussions animées qui ont rythmé nos deux repas journaliers.

Bien sûr, nous nous sommes sentie en voyage le temps de ce week-end où les cellulaires ont souvent été mis de côté de manière volontaire. La méditation chantée du soir a particulièrement touché notre cœur déjà amoureux, tout comme le discours et le satsang (l’assemblée autour d’un gourou qui adhère au principe de la non-dualité) de Swami Sitaramanandaji, une moine et maîtresse spirituelle venue de la Californie pour nous parler de «l’amour inconditionnel».  

«On ne peut être fort que lorsqu’on est connecté à son vrai soi, a-t-elle murmuré alors que nous étions assise devant elle sur notre tapis de méditation dans le bâtiment au haut plafond. Le yoga vous enseigne à être le maître de votre esprit.» Pour la première fois depuis notre arrivée, nous nous sommes sentie à notre place, détendue et loin des tracas quotidiens.

Assis au sol devant la statue de Swami Sivananda, Atmaram – l’un des administrateurs de l’ashram –, est revenu sur les principes du centre où se retrouvent des gens de partout (en temps de non-pandémie) et de tous âges (certains viennent se ressourcer en famille). 

«Sivananda est une technique classique, très bonne pour le stress, venant de plusieurs centaines d’années. Cela prend généralement deux ou trois jours pour s’acclimater. Les gens viennent ici chercher le calme et la paix. C’est un espace différent où les choses sont orientées vers ce qui est.»

Certes, les principes des enseignements sont beaux et nobles. Nous comprenons que l’horaire chargé de 5h30 à 22h s’appuie sur un principe de discipline collective et que le karma yoga (la période où les participants font le ménage de l’ashram) renvoie à l’idée d’être au service des autres.

Et puis, les couleurs des tenues (identiques) des enseignants dérangent moins lorsqu’on en connaît le sens. Le blanc des pantalons représente la pureté; le jaune des chandails, l’intellect; l’orange, le feu et la lumière intérieure (la sagesse à laquelle, oui, nous aspirons tous).

Nous restons cependant un peu dérangée par l’allure sectaire de cette enfilade de routines cérémoniales. Étant une globe-trotteuse ayant visité l’Inde deux fois, nous nous savions ouverte à ce genre de rituels, mais peinons à imaginer amis, encore moins membres de notre famille, séjourner sans rire dans un lieu aussi singulier.

Le respect de la tradition

C’est pourtant ce à quoi ressemble une retraite de yoga en Inde, ce que de si nombreuses connaissances déclarent rêver de vivre un jour.

Les deux repas végétariens par jour, les cours de yoga, les classes de méditation, les marches en forêt, l’extinction des lumières à 22h, la possibilité d’aller se détendre dans le sauna, le calme ambiant et les nuits en dortoir ou en chambre partagée: tout cela s’accorde plutôt facilement aux envies et aux valeurs de la majorité des participants.

C’est la ferveur et le discours glissant parfois vers le doctrinaire qui agace et rend perplexe parfois. Et qui fait doucement s’envoler cette vision romancée d’une retraite dans un ashram d’ici ou d’ailleurs.

Pour en savoir plus sur les retraites et les tarifs de l’ashram Sivananda: www.sivanandacanada.org/camp


Une journée type au ashram Sivananda

  • 6h Méditation (et marche silencieuse en nature les mercredis)
  • 8h Yoga
  • 10h Brunch
  • 14h Conférence (exemples de sujets: amour, paix, écologie, sujets connexes au yoga), Relaxation (lectures, sauna…)
  • 16h Yoga
  • 18h Repas
  • 20h Méditation du soir

Fondé en 1963, l’ashram Sivanana est ouvert toute l’année. Lorsque le temps est doux, les cours de yoga et les méditations se font sur une plateforme extérieure. Les cours sont donnés à la fois en français et en anglais. Lors des lectures livrées en anglais, un service de traduction est offert.

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