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Bernie Pièces d’Autos, l’histoire d’un magasin

La façade du « Bernie pièces d’auto » sur l’avenue Sainte-Croix. Photo: Gracieuseté/La famille Wener

Un homme de 91 ans s’affaire à vider un local à l’intersection de l’avenue Sainte-Croix et de la rue Du Collège. Bernard Wener est l’ancien propriétaire du commerce Bernie Pièces d’Autos qui s’y trouvait.

M. Wener n’est connu que sous le nom de Bernie; seul son certificat de naissance contient son prénom complet. Il a travaillé dans la vente des composantes de voiture depuis ses 19 ans. Il a fermé son magasin il y a près d’un an et demi.

La famille Wener est d’origine russe et juive. Installée sur la rue Jeanne-Mance, elle vivait dans la pauvreté.

Bernie Wener a terminé son secondaire en 1947, avant de travailler à temps plein dans une boutique de vêtements pour un salaire de 16 $ par semaine.

Bernie Wener et Jean-Marc Bouffard, de gauche à droite

Il a démissionné lorsque ses employeurs lui ont promis une augmentation de salaire qui n’a jamais eu lieu. «Si l’on était juif ou francophone, c’était difficile de trouver un bon travail auprès des Anglais», témoigne le Montréalais.

Une connaissance lui a alors recommandé d’être son propre patron. «En 1949, je suis allé chez un notaire, j’ai payé 2,50 $ et voilà, j’avais un commerce enregistré», relate-t-il.

À l’époque, il y avait des marchands et des colporteurs, explique le résident de la Ville de Mont-Royal. La différence est que le premier reçoit une commande et la livre le lendemain. 

Son père lui a donné 300$ et prêté sa Dodge ‘41 pour commencer. Le jeune entrepreneur entreposait les articles sous son lit. Sa mère et sa sœur prenaient les appels et notaient les commandes.

À l’âge de 25 ans, il achète une nouvelle maison pour sa famille. Il souhaitait initialement démarrer un magasin après avoir amassé près de 7000$. 

«C’était une zone résidentielle, ce qui m’a valu des problèmes avec la Ville, car je tenais mon commerce depuis le sous-sol», raconte-t-il. Deux contacts lui ont permis de garder le plus longtemps possible son installation, avant l’ouverture de sa première succursale en 1958 sur l’avenue Van Horne.

Le sous-sol de l’ancien magasin est encore rempli.

Ce n’est pas combien d’argent tu fais, mais c’est combien tu en dépenses qui fait la différence. 

Bernie Wener, fondateur du «Bernie pièces d’auto»

Tirer sa révérence

Pour avoir plus d’espace, la compagnie a acquis le bâtiment situé à Saint-Laurent en 1982. La même semaine, un feu a ravagé l’étage supérieur.

«Après l’incendie, nous avons dormi dans le bâtiment, pour protéger les biens de pilleurs», se remémore l’ancien comptable de l’entreprise, Jean-Marc Bouffard. 

Le septuagénaire a rejoint la société à l’âge de 19 ans, pour succéder à sa sœur. Il ne parlait pas l’anglais et n’a pas eu de formation, mais a appris rapidement la langue et le domaine. «En deux heures, il finissait toutes ses tâches!», avance M. Wener. M. Bouffard était devenu le bras droit du fondateur.

Les deux hommes sont très proches, même depuis la retraite de M. Bouffard en 2010. «Bernie, c’est un deuxième père pour moi», exprime celui-ci.

Les dernières années de vie de Bernie Pièces d’Autos ont été difficiles. Si l’adoption tardive de la livraison en ligne était un facteur, M. Bouffard trouve aussi que la relation entre commerçant et client a profondément changé. 

«Nos clients et nos fournisseurs étaient nos amis, une communauté existait autour de l’entreprise. Le marché est devenu plus impersonnel et exigeant», estime-t-il.

Il était temps que le maître laisse place à l’élève, soulignent les deux hommes. Le fils de Bernie Wener, Perry Wener, a son propre magasin à Laval.

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