«Dans le nord de Montréal, ça prend du logement social!»
«Le métro, c’est bien beau, ce qu’on veut, c’est des logements sociaux!» Entre les sapins de Noël de la terrasse de Léon, plusieurs rimes du genre ont résonné à Saint-Léonard lors d’une étrange chorale de Noël, le 12 décembre. Des chants répétés à tue-tête pour réclamer du logement social dans le nord-est de l’Île.
Ce qui se déroulait à Saint-Léonard en ce lundi froid et ensoleillé n’était pas une réelle chorale, mais bien un rassemblement organisé par plusieurs comités de logement du nord-est, dans le cadre du passage du char allégorique du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Les rimes étaient bien représentatives des revendications des personnes présentes. Peur de la gentrification sur Jean-Talon Est avec l’arrivée du métro, besoin de logements sociaux, dénonciation des condos et des mauvais «proprios» ainsi que retour d’AccèsLogis ne sont qu’une partie des demandes des organismes présents, qui venaient de tout le nord-est de la métropole.
La rue Jean-Talon Est est un des secteurs où la crise du logement frappe dans le Nord-Est. La présence d’associations et d’organismes de Montréal-Nord, d’Ahuntsic-Cartierville, de Villeray et de Parc-Extension était la preuve d’une inquiétude généralisée dans plusieurs quartiers.
Embourgeoisement de Jean-Talon?
Le rassemblement prenait place au cœur de l’arrondissement de Montréal avec le moins de logements sociaux, Saint-Léonard, au croisement du boulevard Lacordaire et de la rue Jean-Talon, en face de la future station de la ligne bleue qui fait craindre le pire quant à la spéculation et aux évictions de locataires dans le secteur.
Au micro, Mme Delisle, une ainée qui réside sur la rue Jean-Talon depuis 47 ans, a dénoncé les moyens de pression que son locateur exerce sur elle. Elle a raconté que celui-ci retient les chèques plusieurs mois avant de les encaisser tous d’un coup afin de les «écœurer». Une pratique malgré tout légale.
«Après 70 ans, ils ne peuvent pas vous mettre dehors alors ils vont vous écœurer jusqu’à ce que vous partiez de vous-même», explique la Léonardoise, avant de conclure que «ça prend des logements sociaux sur Jean-Talon».
Chorale pour du logement social
Une des revendications portées par Action dignité Saint-Léonard et le Comité promoteur du logement social de Saint-Léonard (CPLS) est justement la construction de logements sociaux au-dessus des futurs édicules du métro et aux alentours.
L’impact du métro se ferait déjà sentir dans le quartier, comme l’illustre l’histoire de Mme Delisle. «Juste ce mois-ci, on a plus de 15 reprises de logements», a expliqué Sylvie Dalpé, coordonnatrice à Action dignité.
Mme Dalpé a aussi dénoncé le manque de volonté de l’Arrondissement pour créer des logements sociaux. Sur les terrasses de Léon, le conseil d’Arrondissement ne pouvait guère se défendre de ces accusations, aucun conseiller municipal ne s’étant présenté à l’événement.
Enfin, à leur habitude, les organismes présents ont encore fustigé l’inaction du gouvernement Legault et la disparation du programme provincial Accès Logis, qui permettait le financement des projets de logements sociaux. Le Comité d’action de Parc-Extension a évoqué un terrain dans l’arrondissement où la construction de 31 logements sociaux est sur la glace en attente de financement.
Une tournée québécoise pour du logement social
Si les revendications de ce rassemblement étaient tournées sur le nord-est de Montréal, les problèmes de logements sociaux sont présents à travers toutes les régions du Québec. Le char allégorique du FRAPRU est donc en pleine tournée de la province.
Il offre ainsi une vitrine sur plusieurs revendications locales de tous les coins de la nation, avec sa caravane vitrée dans laquelle chaque communauté visitée a pu déposer une installation. Saint-Léonard a mis de l’avant le problème du métro en créant un édicule de station surmonté de revendications pour du logement social.
L’objectif de cette tournée est de se rendre à Québec le 16 février et de «dumper» la caravane devant le Parlement, afin que le gouvernement ne puisse détourner le regard de la crise du logement.