Violence conjugale: des maisons d’hébergement attendent du financement depuis 15 mois
Des maisons d’hébergement pour femmes survivantes de violence conjugale seraient aux prises avec d’importantes difficultés financières en raison d’un processus administratif d’une «lenteur légendaire» et de négociations inefficaces entre les gouvernements fédéral et provincial, dénonce l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2).
En 2022, un programme de financement adapté à ce type de logement transitoire – qui ne se qualifie pas comme un logement social – était accueilli favorablement par ce collectif. C’est que le financement était auparavant compliqué en raison de la singularité des maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.
Le programme de financement promis doit venir du Fonds national de co-investissement pour le logement (FNCIL) de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), une société d’État canadienne. Le Québec étant la seule province qui a une compétence provinciale spécifique pour ce type d’enjeu, des négociations doivent avoir lieu entre le fédéral et le provincial.
Québec doit octroyer le droit à Ottawa de transférer les fonds promis aux maisons d’hébergement. Ces fonds doivent servir à la construction rapide de logements pour femmes et enfants victimes de violence conjugale. Des maisons d’hébergement de deuxième étape, soit la Maison communautaire Missinak et La Séjournelle-Pavillon des Demois’ailes, «paient les frais de ces négociations lentes et d’un dédale administratif».
Les négociations visent à garantir l’adéquation entre le programme du FNCIL – fonds national fédéral – et les orientations de la Société d’habitation du Québec (SHQ). L’Alliance déplore également «la lenteur légendaire» des processus administratifs.
En construction, les deux maisons d’hébergement de deuxième étape crouleraient sous un fardeau financier important alors qu’elles sont en attente de ce financement devant venir de l’administration Trudeau depuis 15 mois. Sans remettre en question la juridiction provinciale spécifique en place au Québec, l’Alliance MH2 demande que les paliers de gouvernement accélèrent le processus et travaillent ensemble.
Car les deux maisons sont contraintes «d’avancer des sommes monumentales» et paient des intérêts qu’elles ont peur de ne jamais pouvoir rembourser, puisqu’ils ne sont pas prévus dans les dépenses. Les maisons en question n’auraient tout simplement plus les moyens de payer en attendant que les gouvernements provincial et fédéral arrivent à une entente.
C’est un non-sens que de demander à deux organismes communautaires d’avancer plus de huit millions de dollars pour des enjeux de processus administratifs!
Maud Pontel, coordonnatrice générale de l’Alliance MH2
L’Alliance MH2 demande donc aux gouvernements de trouver un moyen de décaisser des fonds temporaires en attendant qu’ils règlent leurs enjeux de négociation, afin d’éviter l’arrêt des chantiers.
Un «besoin criant» de maisons d’hébergement de deuxième étape
Dans le secteur de la Haute-Mauricie, où les besoins sont aussi «criants», selon l’Alliance MH2, c’est la Séjournelle-Pavillon des Demois’ailes qui écope. Elle doit ouvrir sous peu huit unités de logement dans un secteur très peu desservi en matière d’hébergement de seconde étape.
La situation atteint un ridicule tel que le chantier de cette dernière devrait se terminer dans les prochains jours, alors que l’organisme n’a toujours pas vu la couleur de l’argent du financement FNCIL devant techniquement couvrir la construction.
L’Alliance MH2
La Maison communautaire Missinak est à mi-chemin dans sa construction, fait savoir l’Alliance MH2. Elle doit accueillir exclusivement des femmes autochtones. Vu «l’urgence» du besoin d’avoir des logements de transition pour ces femmes, l’administration de la maison d’hébergement paie à ses frais des logements du marché privé en attendant la complétion de la construction.