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L’humoriste derrière le Salon international de la Femme Noire

Plus d'une centaine d'exposants noirs sont attendus au grand Quai du Port de Montréal pour l'événement. Photo: Jean Numa Goudou/ Métro Média

Même si elle a toujours eu l’habitude de faire des blagues, Dorothy Rhau a commencé sa carrière d’humoriste professionnelle assez tard dans la vie, à 37 ans. «Tu sais comment c’est dans la culture haïtienne», dit-elle, pour justifier ce départ tardif.

La spécialiste en Ressources humaines (RH) qui travaillait pour l’industrie pharmaceutique n’a passé que huit ans sur scène avant de quitter les planches pour devenir entrepreneure sociale, en 2018.

Elle a créé Audace au féminin, un OBNL qui présente depuis six ans déjà le Salon international de la Femme Noire. Du 12 au 13 août, de 9h à 18h et en toute gratuité, elle dit attendre plus de 6 000 personnes sur les deux étages du grand Quai du Port de Montréal.

«On va pouvoir vendre des légumes exotiques, du kalalu. Je ne sais pas s’il y aura du lalo mais venez voir», lance-t-elle avec un rire contagieux, en entrevue avec Métro. C’est dans le quartier où elle a grandi, Saint-Michel, qu’elle a préféré donner rendez-vous au journal pour discuter de la philosophie derrière Audace au féminin et de son Salon.

La table des décisions

Lorsqu’elle a quitté le monde de l’humour en 2018, Dorothy Rhau avait une carrière internationale: le Sénégal, Haïti (son pays d’origine) l’ont notamment accueillie pour des spectacles. Mais c’est le mouvement «Me too» qui l’a bousculée vers la sortie de la scène.

«J’observais que les femmes n’étaient pas invitées dans le débat. On est encore en surface, car on n’est pas ou on est très peu représentée sur la table décisionnelle», dénonce celle qui est aujourd’hui femme d’affaires.

Elle est régulièrement approchée par le milieu corporatif pour revenir amuser la galerie. Mais Mme Rhau ronge encore son frein à raison, dit-elle. «Il faut que je retourne vers l’humour un jour, avoue Dorothy Rhau.  Lorsque mon OBNL Audace au féminin sera autonome.»

«D’autres préoccupations»

«L’environnement et la justice sociale» sont cette année les thèmes du Salon, une plateforme où les femmes peuvent s’exprimer. Il y a des personnes noires qui travaillent dans l’environnement, rappelle la responsable, mais «elles sont invisibilisées comme dans toutes les sphères».

Elles doivent prendre part aux discussions qui nous concernent: agriculture urbaine, économie circulaire, rendre les entreprises plus vertes, postule la dirigeante d’Audace au féminin. «On a l’impression qu’on nous a tassés de ces débats ou qu’on a d’autres préoccupations», analyse l’humoriste.

Une centaine d’exposants sont attendus au Port de Montréal, alors que l’an dernier, l’espace en a reçu 80. Des entreprises dirigées par des Noirs dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la technologie, de la santé numérique, de l’agroalimentaire ou encore des maraîchers afrodescendants. «Ce sera l’univers des communautés noires à travers le regard de la femme noire», souligne Mme Rhau.

Audace au Féminin est un organisme à but non lucratif, basé à Montréal, qui propose des solutions pour endiguer le racisme systémique et l’invisibilité des femmes noires. C’est aussi un mouvement féminin inclusif, qui a pour but de mettre en lumière les femmes noires qui brillent dans l’ombre. L’organisme entend également inclure les hommes dans son Salon, comme l’entreprise DameSara, une grossiste en alimentation tropicale dirigée par Isaac Bosquet qui fait partie des exposants au Port de Montréal.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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