Des éternités politiques

Robert Bourassa disait que six mois, en politique, c’est une éternité. En fait, on a l’impression que le dernier mois nous a fait vivre au moins trois éternités. L’environnement politique a évolué à la vitesse grand V. Les repères changent constamment.

Parlez-en à Philippe Couillard. Cette semaine, à la veille de l’ouverture de la session parlementaire, il trônait au sommet des sondages. Son équipe pouvait espérer ouvrir la période des questions de manière offensive. Puis, tout a chaviré. La nouvelle de la perquisition de l’UPAC  dans les bureaux du Parti libéral du Québec et la lettre de sollicitation du député Marsan, qui évoquait une culture de favoritisme dans le financement, ont placé le chef dans une zone délicate pour un politicien, la zone défensive.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les questions qui tournaient autour de la marque libérale ont refait surface. La «période Post-it», l’allocation des places en garderie, les quotas de financement – rien pour aider le positionnement souhaité par le Parti libéral nouveau.
Philippe Couillard a quitté la politique après cinq ans dans le gouvernement de Jean Charest pour revenir dans la course à sa succession. Son éloignement a représenté une certaine caution ou une garantie pour appuyer sa promesse de «désormais». Il a promis de redorer la marque libérale, mais les événements des derniers jours illustrent la fragilité de la chose.

Il a pu constater que sa marge de manœuvre est mince. La tergiversation autour de la divulgation de la visite de l’UPAC en juillet a vite suscité des questions. Dès le lendemain, le chef a montré que les leçons tirées pouvaient être mises en application rapidement. Cette fois, il n’a pas hésité à faire part aux médias de la visite de l’escouade Marteau à sa résidence personnelle.

Une question se pose :est-ce que l’aura du bon docteur Couillard saura convaincre? Paul Martin, à une autre époque, a bien tenté de raviver la marque libérale en déclenchant la commission Gomery. Il en a payé le prix politique. Loin d’être récompensé, il a été lourdement sanctionné.

Les parallèles sont frappants. Il n’est pas simple de diriger une formation politique dont certains membres sont susceptibles de faire l’objet d’une enquête de nature criminelle. Dans certains cas, avec son pari de placer la barre haut en matière d’éthique, ça contraindra le chef libéral à dénoncer les pratiques douteuses de gens avec qui il aurait pu collaborer dans le passé. Il n’a pas le choix, même si le pire reste sans doute à venir. Cela dit, le contexte politique laisse présager que l’élection pourrait bien être tenue… dans une éternité.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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