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#Flushgate: Savez-vous vraiment ce qui sera déversé?

Waste pipe Photo: Métro

Au cours des dernières semaines, des Montréalais se sont insurgés contre le déversement d’eaux usées non traitées dans le fleuve Saint-Laurent que la Ville souhaite effectuer. Mais selon les experts contactés par Métro, le déversement n’aurait que peu de conséquences puisque, de toute façon, de nombreux contaminants toxiques ne sont pas traités par la station d’épuration en temps normal.

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Pour Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Mont­réal, «le vrai scandale, c’est que ce déversement ne fera pas vraiment de différence.»

«Le plus inquiétant pour la faune et la flore, ce sont les antibiotiques et les hormones, ajoute le chercheur, qui étudie les effets des contaminants dans le fleuve. Mais ce sont des polluants que la station d’épuration n’est pas capable de traiter en temps normal.» Certains médicaments se retrouvent dans les boues que récupère la station, mais en quantité minime, affirme le scientifique. Par conséquent, contrairement à ce que plusieurs médias ont affirmé, le déversement ne provoquera pas de présence accrue de ces produits dans le cours d’eau.

Par ailleurs, certains médias ont soutenu que davantage de bactéries se retrouveraient dans le fleuve à la suite du déversement. Une affirmation que tient à nuancer Sarah Dorner, professeure agrégée à Polytechnique et titulaire d’une chaire de recherche sur la protection des eaux potables: «La station d’épuration ne désinfecte pas les eaux usées, donc ça ne changera pas grand-chose.»

Selon les simulations de la professeure, la charge bactériologique devrait être multipliée, au plus, par 2,4. «Pour l’eau potable, ça devient important quand la variation est de 10 à 100 fois plus.»

Et les hôpitaux?
Bien que certains aient avancé que des produits pharmaceutiques et hospitaliers se rendraient directement dans le fleuve, plusieurs établissements de santé affirment le contraire. Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), les produits chimiques issus des laboratoires sont neutralisés dans un bassin interne avant d’être évacués dans les égouts. Le sang et les liquides biologiques sont quant à eux transférés à une compagnie externe. Seule l’eau domestique (toilettes, lavabos, services alimentaires) se retrouve directement dans les eaux usées de la Ville.

Même son de cloche à l’Hôpital général juïf, où on utilise aussi un bassin interne pour traiter les eaux de laboratoire et les diluer, avant de les rejeter dans les canalisations. «Aucun produit chimique ne se retrouve dans les égouts», soutient l’établissement.

Du côté du Centre universitaire de santé McGill, «les déchets chimiques, les déchets biologiquement dangereux et le matériel radioactif sont tous entreposés dans des aires séparées et éliminés par des entreprises tierces», assure-t-on.

«Que ça passe ou pas par la station, ça ne change à peu près rien en ce qui concerne les hormones et les antibiotiques.» – Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal

Un cocktail de métaux lourds
Selon nos calculs, des centaines de kilos de métaux lourds qui devraient être traités par la station d’épuration se retrouveraient dans le fleuve dans le cas d’un déversement (voir encadré sur le poids des contaminants). Mais selon Sébastien Sauvé, la station d’épuration ne retire que la moitié des métaux lourds d’ordinaire présents dans les eaux usées. «Les concentrations sont très faibles. Il n’y aura donc pas de grosse différence entre la période où il y a des déversements et ce qui se passe en temps normal.»

Le spécialiste ne s’attend pas à de grands risques pour la faune et la flore, même si des traces de ces métaux lourds devraient rester, selon lui, sur les berges de l’île de Montréal pour les deux prochaines années.

Il souligne par ailleurs que l’ammoniac, qu’on retrouve dans l’urine des Montréalais, est bien plus toxique pour les poissons que le plomb, sauf que l’usine d’épuration, encore une fois, n’est pas capable de retirer ce produit des eaux.

«Ce qui m’inquiète le plus, conclut Sarah Dorner, c’est le cynisme de la population. J’ai peur que les gens croient qu’on se fiche de l’environnement. Alors qu’en fait, c’est le contraire. On a des problèmes et on veut les résoudre.»

Travaux nécessaires, dit la Ville
La Ville de Montréal sou­tient que des travaux sont nécessaires dans son ré­seau d’égouts pour éviter que des matériaux vieillis­sants tombent et bloquent la station d’épuration.

Elle souhaite déverser 8,4 milliards de litres d’eaux usées directement dans le fleuve, pendant 7 jours, pour réaliser les travaux en question.

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