Cette semaine, Métro craque pour Race, la distribution dans Fredy, Man Up…

Cette semaine, on craque pour…Race, La distribution dans Fredy, Mérédith, Le retour des Goules, Saint-André-de-l’Épouvante et Man Up

1. Race
Comment parler d’un sujet aussi sensible que le racisme? En le prenant de front, semble répondre David Mamet. Sans détour, sans même essayer de verser, ne serait-ce que le temps de quelques répliques, dans le gentil et le politically correct. Car il n’y a rien de correct dans la façon dont les préjugés insidieux guident le monde, dans la prétendue ouverture d’esprit qui se révèle parfois infiniment mesquine, fausse acceptation camouflant un éternel sentiment de supériorité. Dans ce cabinet d’avocats où tout se joue à un rythme aussi militaire que celui avec lequel les souliers vernis piétinent le tapis ovale, les répliques claquent, décortiquant les relations entre les Noirs et les Blancs, l’éternel «spectacle de la justice» américaine. Non, «la loi, c’est pas un exercice de métaphysique. C’est une bataille de ruelle.» Froideur, lucidité, découragement général, viscéral. Tous les acteurs sont justes; Frédéric Pierre est juste excellent. On y va? On le cite : «You fucking bet.» Au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 26 mars. (Natalia Wysocka)

2. La distribution dans Fredy
Chapeau bas à la jeune distribution de la pièce documentaire Fredy, qui revient sur les événements du 9 août 2008, durant lesquels le jeune Fredy Villanueva est tué par un policier intervenu auprès de jeunes qui jouaient aux dés à Montréal-Nord. Les sept comédiens interprètent avec brio une quarantaine de personnages impliqués de près ou de loin dans l’affaire (avocats, témoins, policiers, famille, journalistes). Notre coup de cœur : Alice Pascual. À La Licorne jusqu’au 26 mars. (Rachelle McDuff)

3. Mérédith
En sortant de la salle intime du Prospero, où est présentée la pièce Mérédith jusqu’au 12 mars, on s’étonne et on se désole de ne pas voir Geneviève St Louis plus souvent dans des premiers rôles. Elle réussit à rendre naturel le monologue vertigineux d’une Mérédith au système nerveux contracté, qui parle au passé simple et remarque les assonances, pour qui chaque décision et interaction sociale est un casse-tête. S’il est difficile pour certains de s’identifier à une femme vivant une idylle avec son bol de toilette, le tourbillon de folie et d’amour dans lequel elle nous entraîne n’en est pas moins fascinant.. (Roxane Léouzon)

4. Le retour des Goules
Ça faisait un bail (plus de huit ans) qu’on n’avait pas eu de nouveau matériel de la part des Goules. Avec Coma, on retrouve avec plaisir la formation punk de Québec. Ceux qui aiment le style solo de son chanteur Keith Kouna apprécieront cet album qui, bien que punk, est moins heavy que les anciens opus des Goules. Le côté moins lo-fi joue pour beaucoup dans cette impression. Sexe, alcool, coats de cuir, les sujets punks habituels y sont. Le texte de la pièce-titre est très intéressant avec son côté plus revendicateur. (Dominique Cambron-Goulet)

5. Saint-André-de-l’Épouvante
Par une nuit d’orage et de panne de courant, un jeune homme à la réputation «d’étrange» trouve refuge dans un bar, où il allume sa «flashfly!» et commande des Seven Up Grenadine. La serveuse, inquiète, appelle des amis en renfort. Juste au cas… Puis, comme cela arrive souvent dans les histoires de frissons, un mystérieux homme en noir débarque sur les lieux. Mystérieusement. Et si on se racontait des légendes urbaines qui donnent la chair de poule? Sous la plume du romancier Samuel Archibald, les récits angoissants prennent vie tandis que vacille la lumière, que dégouline la pluie sur la vitre. On n’a peut-être pas peur-peur, mais on n’en savoure pas moins le texte, l’atmosphère, le concept. Et si la serveuse se désole qu’«après un temps tu rencontres juste des gens que t’as déjà rencontrés», c’est justement une rencontre théâtrale différente, plaisante, qu’on nous propose ici. À l’Espace Go jusqu’au 12 mars. (Natalia Wysocka)

6. La renverse
Avec ses mots, beaux et tristes, Olivier Adam raconte l’enlisement, l’immobilisme. Le gris tournant que prend le quotidien d’un adolescent lorsque sa mère, adjointe – et maîtresse – du maire, se retrouve prise au cœur d’un scandale glauque et révoltant. Aussi bien écrit que troublant, ce roman de l’écrivain français, dans lequel Montréal «ville de neige et de galeries souterraines» joue aussi son rôle, pose des montagnes de questions qui resteront sans réponses et explore, avec finesse, mélancolie, toutes ces personnes «successives, contradictoires, inconciliables» que «nous abritons en nous-mêmes». Aux Éditons Flammarion. (Natalia Wysocka)

7. Man Up
Une femme rendue cynique par une rupture n’arrive pas à trouver l’amour. À la gare, un homme l’aborde en la prenant pour son rendez-vous arrangé. Elle décide de ne pas le détromper. Bien sûr, cette prémisse laisse la place à une comédie romantique tout ce qu’il y a de plus classique. Mais bien qu’il comprenne la plupart des ingrédients d’un film d’amour hollywoodien, Man Up a ce petit quelque chose en plus qui séduit. À cause du charisme et de la chimie entre ses deux vedettes, Simon Pegg et Lake Bell, et de leurs dialogues franchement bien écrits et souvent mordants dans lesquels on peut se reconnaître. Un rendez-vous galant qu’on a envie de voir fonctionner : chose certaine, le charme opère à travers l’écran! Présentement en DVD. (Jessica Émond-Ferrat)

On se désole pour…

La fin de KARV l’anti-gala
On n’était pas le public cible de KARV, mais on s’est quand même désolée à l’annonce de l’annulation du fameux «anti.gala» de VRAK.tv. Parce que, franchement, où au Québec allons-nous retrouver un gala à l’ambiance aussi survoltée et pleine d’amour sincère des jeunes pour leurs idoles – des artistes d’ici pour la plupart, et d’émissions jeunesse dont on n’entend pas beaucoup parler autrement? On se doute que le jeune public comme les artistes doivent être bien tristes de cette nouvelle… (Jessica Émond-Ferrat)