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Un cours sur l’histoire des génocides réclamé par l’opposition montréalaise

Lionel Perez
Lionel Perez. Photo: Josie Desmarais/Métro

Ensemble Montréal demande au nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) de créer un cours dans les écoles secondaires sur l’histoire des génocides dans le monde, «afin de lutter contre le racisme, la haine et l’intolérance». Une motion sera déposée en ce sens à la séance du conseil municipal du 19 novembre prochain.

Le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, était accompagné lundi matin de la présidente de la Fondation pour l’étude des génocides (FEG), Heidi Berger, d’un survivant du génocide des Tutsis au Rwanda, Moses Gashirabake, et du représentant du Comité national arménien du Québec, Hrag Darakjian, pour en faire l’annonce.

«L’ONU recommande et encourage déjà l’étude de ces phénomènes-là pour les prévenir et pour permettre le développement d’un esprit critique par rapport aux causes extrémistes.» -Lionel Perez, chef de l’opposition officielle, qui déplore le fait qu’aucun cours sur le sujet ne soit attitré au programme pédagogique au Québec.

M. Perez a insisté sur le fait que Montréal «a un rôle à jouer» sur ces enjeux et il a dit espérer «avoir l’accueil et l’écoute du gouvernement du Québec» pour «envoyer un message clair d’inclusion».

Il estime que la montée des incidents haineux dans le monde doivent être freinés par l’information et l’éducation. «Il y a encore malheureusement des personnes qui nient l’existence de l’Holocauste, de la Shoa, qui questionnent même sa véracité aux États-Unis. Il faut que le Québec soit précurseur et encourage le vivre-ensemble», a-t-il renchéri.

Un guide pédagogique et informatif, sur lequel travaille la FEG depuis 2017 avec le ministère de l’Éducation, devrait être approuvé d’ici peu en vue d’une implantation dans les écoles cet automne, a rapporté Hedi Berger. Ce document dresse les bonnes pratiques en matière d’enseignement des génocides, en plus de fournir du contenu aux professeurs.

Sensibilisation, éducation
Heidi Berger, elle, a d’abord choisi de parler de son vécu personnel, sa famille juive étant originaire de la Pologne. «Ma mère a été témoin du meurtre de son meilleur ami, de l’exécution de sa mère à la mitraillette», a-t-elle confié. Sa famille s’est installée à Sainte-Agathe, avant sa naissance, pour fuir le danger. Depuis, Mme Berger dit «encore avoir été témoin d’antisémitisme, ici même au Québec».

«Des affiches où on lit pas de juifs, pas de chiens. Des gens qui vous traitent de sales juifs. On est victimes d’intimidation.» -Heidi Berger, présidente de la Fondation pour l’étude des génocides

Sa mère fait depuis quelques années la tournée des écoles pour y enseigner l’histoire de l’Holocauste. «Ça arrive encore aujourd’hui, en Bosnie, en Arménie, en Syrie, en Irak, et plus près de nous, à Pittsburgh. Il faut se battre», a dit la présidente de la FEG.

Elle estime qu’il est «primordial» pour une société qui se dit ouverte et inclusive d’inculquer à ses jeunes la capacité de «reconnaître les signes avant-coureurs pour empêcher que la haine et l’intolérance ne se transforment en violence». «Ils sont les prochains leaders au pouvoir de notre province. Ils doivent reconnaître le racisme. Ils doivent savoir et comprendre», a-t-elle imploré.

Aussi membre du conseil d’administration de la FEG, Moses Gashirabake a été forcé, avec sa famille, de quitter le Rwanda vers le Kenya dans les années 1990. Il a ensuite immigré vers le Canada pour y vivre sans crainte de représailles et il s’est installé à Montréal.

«Je suis Montréalais et fier de l’être», a-t-il dit, lançant lui aussi un cri du cœur pour travailler avec la Ville et les communautés racialisées pour sensibiliser les citoyens à l’importance de se renseigner sur «cette partie de l’histoire». «On voit des signes très frappants dans le monde en ce moment, il faut s’en occuper. Je suis fier de voir que notre Ville nous soutienne, et on va continuer ensemble», a-t-il noté.

Il urge, selon Hrag Darakjian, «d’éduquer les bâtisseurs de demain vers la vérité». «La Turquie, [qui est] derrière le massacre de quelque 1,5 million d’Arméniens en 1915, nie encore l’existence de ce crime. Il faut que notre société ouverte, tolérante et démocratique montre l’exemple, sinon quoi, l’histoire se répétera, comme elle fait trop souvent autour de nous, dans l’indifférence totale», a-t-il avancé.

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