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Dumpster diving: un «état d’esprit» pour enrayer le gaspillage alimentaire

Gaspillage alimentaire
Photo: Courtoisie | Montreal Dumpster Diving
Henri Ouellette-Vézina - Métro

Connaissez-vous le dumpster diving? De plus en plus répandue à Montréal et au Québec, la pratique consiste à rechercher dans les poubelles publiques des aliments comestibles ou encore des articles jetés qui conservent une valeur nutritionnelle. En plus d’en faire un combat pour l’environnement, ses adeptes l’associent aussi à une mission sociale, avec pour objectif de sensibiliser les supermarchés au gaspillage alimentaire.

Le Montréalais Eric Van Hollemeersch, qui pratique le dumpster diving depuis son jeune âge, parle d’abord d’un style de vie à adopter. «Ce n’est pas une activité que tu fais comme on pratique un sport. C’est un état d’esprit. Moi, j’en fais depuis mes huit ans. En camping, je récupérais déjà les invendus de la friterie locale pour en faire d’autres recettes. Pour moi, à la base, c’est un jeu», explique-t-il en entrevue à Métro.

Il estime que le dumpster diving, c’est surtout «une manifestation silencieuse contre le gaspillage alimentaire». «On parle beaucoup d’obsolescence programmée et pour moi, ça va dans ce sens-là. De la même manière qu’il n’y a aucune raison pour que ton cellulaire ne fonctionne plus d’un seul coup, rien ne justifie qu’une pomme de terre mal formée soit mise à la poubelle», observe-t-il.

La réalité, selon lui, est que le système de production alimentaire est conçu pour surconsommer et surproduire. «Moins on consomme, plus on produit en grande quantité dans les supermarchés pour avoir les prix les plus bas possibles. L’industrie prend les gens pour des idiots. On produit beaucoup trop, et on se fout des invendus laissés de côté», déplore-t-il.

«On se fait souvent dire que c’est dangereux pour la santé, de fouiller dans les poubelles. C’est vrai d’une certaine façon. Mais comme disait Jacques Brel, il n’y a rien de plus dangereux pour la santé que de vivre. Le pire qui peut arriver, c’est une indigestion, et il y a moyen de le prévenir en sélectionnant des aliments en bon état.» – Eric Van Hollemeersch

Même son de cloche pour Andrée-Anne Mercier, qui pratique le dumpster diving depuis plusieurs années déjà dans la métropole. «Au départ, c’était surtout par valeur environnementale que j’ai commencé, avance-t-elle. Puis, c’est rapidement devenu une activité ludique, un peu comme une chasse au trésor. Quand tu trouves du saumon fumé, c’est incroyable.»

La Montréalaise y voit un moyen «de lutter, à petite échelle, contre le gaspillage alimentaire». «Je ne le vois pas nécessairement comme une forme de revendication sociale, mais plus comme une façon d’avoir son propre impact dans sa localité», explique-t-elle.

«Il y a des établissements qui sont géniaux, qui organisent des dons sur les réseaux sociaux, qui laissent un sac pour nous sur la poignée de la porte. Il faut inviter les supermarchés à agir en ce sens.» -Andrée-Anne Mercier

Elle déplore la «culture excessive de la salubrité» qui règne dans l’industrie alimentaire. «Le principal défaut de notre système, dit-elle, c’est qu’il est d’abord et avant tout axé sur l’achat et la consommation propre. Il ne faut surtout pas vendre des aliments moches. Mais quand on s’y attarde, en fait, il y a des produits qui sont encore très bons même après leur date de péremption.»

Un organisme pour valoriser les invendus
L’OBNL La Transformerie prépare le terrain pour le lancement de ses premiers produits écoresponsables, fabriqués à base d’invendus d’épiceries, d’ici la fin mai. Sa mission : aider les commerçants à mieux valoriser leurs produits pour enrayer le gaspillage alimentaire, un pas à la fois.

«On pense qu’il y a un côté très injuste de voir des aliments être gaspillés en grande quantité, même s’ils sont encore en très bon état, constate la coordonnatrice de l’organisme, Marie Gaucher, en entrevue à Métro.

Apparu il y a deux ans, le groupe a été co-fondé par le chef Guillaume Cantin, connu pour sa cuisine «responsable» depuis plus de 15 ans dans la métropole.

Dès la fin avril, La Transformerie procédera à une première collecte des produits invendus dans quatre supermarchés de Rosemont-La-Petite-Patrie et une fruiterie du marché Jean-Talon. Les ingrédients qui seront ainsi récupérés serviront par la suite à concocter des recettes originales, en cuisine.

«L’idée, c’est de trouver des solutions pour mieux valoriser les produits laissés à l’abandon, poursuit Mme Gaucher. Dans les derniers mois, on a fait un travail de fond pour mieux comprendre l’écosystème alimentaire de Montréal, entre commerçants, consommateurs et organismes communautaires. On se voit un peu comme un intermédiaire qui vient sensibiliser les parties prenantes.»

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