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Contagion de la COVID-19: le rôle des asymptomatiques

COVID-19
Centre commercial à Londres Photo: Dan Kitwood/Getty Images

Alors que le Québec vit son déconfinement, plusieurs se demandent s’ils doivent vraiment garder leur distance des personnes qui ne sont pas malades. C’est ignorer qu’on peut transmettre la COVID-19 sans avoir de symptômes et que certaines personnes n’en développent jamais. Des explications.

Petit rappel: comment la COVID-19 se transmet-elle?

Une personne infectée par le coronavirus peut le transmettre en projetant des gouttelettes qui le contiennent, surtout si elle éternue ou tousse. C’est le principal mode de transmission.

Une autre personne qui serait à proximité peut s’infecter en respirant ces gouttelettes ou en mettant ses mains au visage: le virus peut pénétrer par les narines, les yeux ou la bouche. Les gouttelettes infectieuses ne voyagent pas très loin, maximum 1 à 1,5 mètre, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elles peuvent se déposer sur des surfaces (tables, poignées de porte, objets). La durée de vie du virus varie de 4 à 72 heures, selon la surface (plastique, bois, métal) et la température.

Contagieux avant d’avoir des symptômes

Une fois la personne infectée par le virus, la période d’incubation dure en moyenne 5 à 6 jours, mais elle peut se prolonger jusqu’à 14 jours. Pendant cette période d’incubation dite «présymptomatique», la personne infectée n’a pas encore de symptômes, mais elle peut être contagieuse et transmettre le virus sans le savoir, notamment pendant les 3 jours suivant l’infection (24 à 72 h).

Après la période d’incubation, la majorité des personnes développeront des symptômes légers (fatigue, toux, fièvre, diarrhée, perte de goût et d’odorat), alors que d’autres seront atteintes plus sévèrement (pneumonie, insuffisance respiratoire, AVC), selon plusieurs études sur la COVID-19 (dont une mission en Chine de l’OMS).

Plusieurs études de bonne qualité documentent des cas où la personne ayant transmis l’infection était en phase présymptomatique. Bien que l’on connaisse encore mal l’importance de ce genre de transmission, des études préliminaires chinoise et allemande de février et mars, dont les résultats n’ont pas encore été révisés par les pairs, indiquent qu’entre 44% et 73% des gens contractent le virus avant que la personne qui les a infectés ne présente des symptômes.

Ceux qui restent asymptomatiques

Les études ont démontré qu’un bon nombre de personnes infectées par le virus restent toutefois «asymptomatiques» et transmettent le virus quand même. Une revue rapide de la littérature scientifique par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) démontre que la proportion de ces personnes varie considérablement d’une étude à l’autre, allant de 4% à 79%. Une revue systématique de cinq études de bonne qualité portant sur des personnes à risque estime que 16% des personnes infectées seraient asymptomatiques. Par ailleurs, l’INSPQ relève que les personnes plus jeunes sont plus susceptibles d’être asymptomatiques.

Dans ce contexte, de nombreuses études cliniques épidémiologiques chinoises, sud-coréennes et américaines font état de nombreux cas de transmission asymptomatiques au sein de familles, de milieux de travail ou de vie, soit dans les cas où les personnes vivent ou travaillent sous le même toit (le New England Journal of Medicine en fait une recension dans une étude spécifique sur des cas allemands). Les études menées jusqu’ici ont trouvé très peu de cas de transmission en milieu extérieur, bien ventilé.

Pour l’instant, présumer que tout le monde est contagieux et redoubler d’efforts pour appliquer des mesures de prévention comme garder une distance de deux mètres, se laver les mains régulièrement, porter le masque et éviter de porter les mains au visage s’avèrent les seules contre-mesures pour atténuer la transmission, qu’elle soit symptomatique ou non.

Ce texte et les infographies l’accompagnant ont été rédigés dans le cadre du projet conjoint Fédération professionnelle des journalistes du Québec/Agence Science-Presse COVID-19: dépister la désinfo, lequel est financé par Patrimoine Canada.

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