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Un meilleur encadrement de l’écriture inclusive est préférable, dit une experte

L'écriture inclusive gagne du terrain dans les universités depuis plusieurs années bien que sa pratique soit encouragée et non obligatoire. Photo: iStock

Un meilleur encadrement de l’écriture inclusive serait préférable pour assurer une cohérence entre le désir des institutions universitaires d’encourager cette pratique et les modalités d’évaluation déterminées par les enseignants. Cette question a refait surface dernièrement lorsque deux étudiantes de l’UQAM ont reçu des corrections d’examen décourageant l’écriture inclusive, bien que l’UQAM soit favorable à son utilisation.

Toujours optionnel

«Des balises sont déjà identifiées par le Guide qui existe à l’UQAM», affirme Isabelle Plante, professeure titulaire de didactique à l’université et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les différences de genre à l’école. «L’écriture inclusive ne signifie pas écrire comme on veut, mais témoigne plutôt une sensibilité envers l’égalité des genres et une volonté d’inclusion. Pour l’instant, c’est libre aux différents départements et professeurs de l’utiliser et il n’y a pas de formation officielle établie. Donc, la correction est sujette à des interprétations différentes selon les gens.»

Il serait cependant préférable selon elle que la responsabilité de fournir des formations, ou un minimum d’informations sur l’écriture inclusive, revienne à l’institution, pour éviter les décalages et ainsi limiter les biais inconscients lors des corrections.

«Les auxiliaires qui corrigent ne reconnaissent pas toujours la validité de l’écriture inclusive et ne sont pas toujours au fait des blessures que certains propos peuvent entraîner sur celles et ceux qui ont amorcé un processus de réflexion. Une petite formation sur l’écriture inclusive pour les correcteurs offerte par l’université aurait pu empêcher une telle situation, de même qu’un rappel de l’application des différents guides.»

Elle ajoute que l’écriture inclusive s’est rapidement répandue dans les dernières années et qu’il est difficile pour plusieurs de suivre les normes de son utilisation, expliquant les écarts entre les normes et la pratique. «À la défense des correcteurs et auxiliaires, nous ne parlions pas des genres, encore moins dans l’écriture, il y a quelques années. Mais on en parle davantage aujourd’hui et nous devons suivre le rythme.»

Une pratique en pleine progression

Du côté professoral, l’écriture inclusive n’emmène pas de difficultés supplémentaires dans la correction de l’orthographe. C’est plutôt au chapitre de l’uniformité dans les textes que son utilisation est problématique.

«Comme dans toute chose nouvelle, il y a une courbe d‘apprentissage nécessaire, et il faut comprendre pourquoi et d’où ça vient», explique Isabelle Plante.

Ce que les enseignants cherchent, c’est une uniformité dans tout le texte. Si l’étudiant choisi l’écriture neutre, tout son texte doit refléter ce choix, mais au-delà de cet enjeu, l’écriture inclusive ne complique pas la tâche de corriger.

Isabelle Plante, professeure titulaire de didactique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les différences de genre à l’école

Puisque la langue française est en constante évolution, il est probable que des politiques ou des normes encadrant l’écriture inclusive soient adoptés aux niveaux primaire et secondaire d’ici les prochaines années. L’Office québécoise de la langue française (OQLF) a d’ailleurs une politique à ce sujet, ce qui influence l’adoption de cette pratique à tous les niveaux scolaires.

«J’ai l’impression que ça va être enseigné dans les écoles dans les prochaines années tellement la progression est rapide. Présentement, l’OQLF a une politique d’écriture inclusive et d’orthographe nouvelle, et c’est certain que les programmes au primaire et au secondaire vont s’adapter à ces nouvelles réalités.»

Depuis décembre 2021, les sections Culture et Inspiration de Métro utilisent l’écriture inclusive dans leurs publications. Il est à se demander si son utilisation se répandra davantage dans les médias et les journaux à Montréal et ailleurs au Québec.

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