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Sensibiliser les migrants à la précarité du travail dans le secteur agricole

Projection à Montréal de la série intitulée «Ils exploitent nos terres, l’eau et nos mains : un regard sur la situation des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires agricoles au Canada», produites par le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI). Photo: Karla Meza, Métro

Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) ont présenté la série vidéo Ils exploitent nos terres, l’eau et nos mains: un regard sur la situation des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires agricoles au Canada, le 30 avril, à la Maison de la coopération du Montréal métropolitain.

La projection, organisée avec le soutien de la Fondation Béati, a rassemblé une centaine de travailleurs et travailleuses ainsi que des représentants de divers organismes de soutien aux immigrants.

Les deux premières capsules de la série mettent en lumière le travail d’investigation et de terrain effectué pendant deux ans par des membres du CDHAL et du CTI sur le rapport entre l’extractivisme des compagnies minières canadiennes en Amérique latine et la migration de travailleurs vers le Nord. Elles présentent également les témoignages de plusieurs travailleurs agricoles temporaires qui dénoncent l’écart entre les conditions de travail stipulées par leurs recruteurs et contrats et la réalité.

Migration forcée

«L’extraction des minéraux par les entreprises canadiennes en Amérique latine laisse sur son chemin de graves désastres environnementaux et sociaux qui provoquent le déplacement forcé des habitants vers d’autres régions et incitent des milliers de gens à migrer vers le Nord», dénonce le CTI.

Le Mexique, le Guatemala, le Honduras et la Colombie sont les principaux pays affectés par les opérations minières canadiennes, et sont les pays d’origine de la majorité des travailleurs agricoles saisonniers temporaires ou des demandeurs d’asile provenant de l’Amérique latine, à part Haïti.

Il serait juste que nous puissions entrer et travailler au Canada sans autant de difficultés, de la même façon que ces compagnies s’installent dans nos pays pour les exploiter.

Rafael Morales (nom fictif), travailleur agricole hondurien

Plusieurs travailleurs et travailleuses temporaires accompagnés par le CTI dans leurs démarches de dénonciation pour exploitation ou maltraitance contre leurs employeurs au Québec participent aux vidéos en partageant leur expérience de travail dans les secteurs laitier, avicole et maraîcher.

«Le gouvernement canadien se vante d’offrir aux travailleurs l’occasion de venir ici alors qu’il participe à un système qui pousse les gens à migrer, faute de solutions alternatives dans leur pays d’origine», exprime Manuel Salamanca, membre du CTI.

Mettre les travailleurs en garde

Chaque année, environ 60 000 travailleurs et travailleuses provenant du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes migrent temporairement au Canada pour œuvrer dans le secteur agricole. Un total qui a presque doublé depuis 2010.

Une campagne de diffusion des capsules vidéo est menée en Amérique latine par des réseaux et des organismes de soutien aux migrants dans le but de sensibiliser et d’éclairer les futurs migrants sur la précarité des conditions de travail dans le secteur agricole canadien, indique Rosalinda Hidalgo, représentante du CDHAL, en entrevue avec Métro.

«De plus en plus [de Latino-Américains] migrent pour venir travailler ici, mais ils arrivent sans connaissance de leurs droits ni des conditions de vie et de travail qu’ils rencontreront. C’est important qu’ils soient au courant de la réalité», affirme-t-elle.

Les vidéos exposent également les difficultés et les coûts que les travailleurs et travailleuses doivent souvent assumer afin d’entamer leur voyage pour travailler au Canada, notamment à la lumière de la recrudescence des arnaques perpétrées par des recruteurs non règlementés à l’étranger.

Le CDHAL et le CTI misent sur la diffusion massive de vidéos par biais de WhatsApp, la messagerie mobile la plus populaire en Amérique latine, qui compte plus de 415 millions d’usagers sur ce territoire et 2 milliards d’utilisateurs dans le monde.

Afin de rejoindre et de sensibiliser le plus grand nombre de personnes au Québec, les deux organismes poursuivront par ailleurs leur tournée de diffusion à travers la province au cours de l’été 2023.

Les capsules vidéo sont disponibles sur le canal YouTube du CDHAL.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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