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Des organismes veulent être formés à l'usage de la naloxone plus vite

Carolyn Thompson / The Associated Press Photo: Carolyn Thompson / The Associated Press

Alors que Montréal et Québec envisagent que les premiers répondants puissent administrer la naloxone, des intervenants communautaires qui travaillent avec des toxicomanes ont de la difficulté à recevoir une formation sur ce remède aux surdoses de fentanyl.

«À la Santé publique, on ne nous répond pas, ou on nous dit qu’il n’y a pas de formation disponible», indique la directrice du Refuge des jeunes, France Labelle. Ce serait important qu’on soit formés parce qu’on accueille des jeunes intoxiqués tous les soirs.»

Pourtant, la direction de la Santé publique ne considère pas un organisme comme le Refuge comme étant prioritaire pour recevoir ces formations. De même, les intervenants de l’Accueil Bonneau étaient en attente depuis l’été et devraient recevoir leur formation d’ici une dizaine de jours. «On va certainement les former, mais ce ne sont pas des organismes dont la clientèle cible se compose d’usagers de drogues injectables (UDI)», explique la Dre Carole Morissette, chef médicale à la Direction régionale de santé publique de Montréal (DSP), qui indique que depuis 2015, 190 personnes ont reçu la formation pour la naloxone dans le cadre d’une quinzaine d’ateliers et que la DSP continuera d’en donner.

Dre Morisette ajoute que la DSP a beaucoup de demandes «de gens qui ne travaillent pas avec des UDI», et qui ne reçoivent pas la formation pour cette raison. «Tous les organismes de première ligne devraient être formés», plaide Mme Labelle, qui souligne que le fentanyl touche tous les refuges, pas seulement ceux pour les jeunes.

Depuis le 1er août à Montréal, 12 décès sont probablement liés à cette opioïde qui serait 40 à 100 fois plus puissant que l’héroïne. À Vancouver et Toronto, cette drogue a fait des centaines de victimes.

Pour obtenir une formation, des organismes se sont aussi tournés vers des services comme Méta d’Âme, qui ont une expertise auprès des UDI. «On est obligés de les référer à la DSP de Montréal, mais ce n’est pas parce que notre formation n’est pas adéquate. C’est nous qui avons écrit le programme», indique le directeur de Méta d’Âme, Guy-Pierre Lévesque.

Le problème est que l’ordonnance collective rendue par le Directeur de santé publique ne permet aux organismes spécialisés pour intervenir auprès des UDI comme Méta d’Âme, Cactus Montréal ou Spectre de rue, que de former les usagers et leurs proches. «On est bloqués par cette ordonnance, juge M. Lévesque. Si on pouvait former des intervenants communautaires, on le ferait. Nous on considère qu’ils font partie de l’entourage de l’usager, mais pas le ministère.»

Anne-Marie Guilbault, coordonnatrice à Spectre de rue, explique donc que si elle engage un nouveau travailleur social par exemple, il devra recevoir la formation de la DSP et ne pourra pas être formé à l’interne par quelqu’un qui est habileté à former un UDI et ses proches. «C’est dommage, parce qu’on ne serait pas obligés d’attendre un nouvel atelier de la DSP», dit-elle.

Changement législatif
En ce moment, seuls des intervenants montréalais peuvent être formés, en vertu d’une ordonnance régionale, mais la DSP fait des représentations à Québec pour que la naloxone est le même statut que l’épinéphrine (Epipen). «Si le changement de règlement se fait, la formation ne sera plus nécessaire pour la naloxone et ça va permettre un déploiement beaucoup plus large», soutient Dre Carole Morissette.

Le cabinet de la ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, a indiqué qu’on travaille à établir une stratégie, mais qu’aucun échéancier n’a été fixé pour ce qui est du changement règlementaire.

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