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Montréal veut créer un grand parc-nature au Bois d’Anjou

Photo: Google Map

La Ville de Montréal souhaite agrandir substantiellement le parc-nature du Bois d’Anjou. Pour ce faire, le comité exécutif a adopté mercredi un règlement qui vise l’annexion de 25 terrains au parc, qui aurait pour effet d’ajouter une superficie de 1,2 km2.

«Le règlement permet de faire l’extension d’un milieu naturel. Ça ne détermine pas ce qui va se produire, ça nous donne le droit d’examiner plusieurs scénarios, a soutenu le responsable des grands parcs dans l’administration Plante, Luc Ferrandez. Ça peut être sur la totalité du territoire, une partie du territoire, ou un droit de passage négocié avec les propriétaires pour faire un corridor vert.»

Les 25 lots sont situés à Anjou, à Montréal-Est et dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

Le terrain du Golf Métropolitain d’Anjou compte pour environ la moitié de la superficie des lots visés par la Ville. Or, à la fin mars, le conseil d’arrondissement d’Anjou avait voté un changement de zonage pour ce terrain afin de permettre du développement commercial, incluant la vente d’essence.

Le maire de l’arrondissement, Luis Miranda, est opposé à l’idée d’agrandir le parc-nature, sous prétexte qu’il serait situé au cœur d’une zone industrielle. «Nous sommes à proximité d’un secteur industriel où passent 15 000 camions et de 2 000 à 3 000 autobus quotidiennement. Je n’enverrais pas de jeunes enfants dans ce secteur», a-t-il plaidé.

M. Miranda déplore ne pas avoir été consulté et croit qu’en cette crise de l’agrile du frêne, l’argent de la Ville pourrait être mieux investi. «J’ai déjà plusieurs arbres à abattre au boisé du parc des Roseraies et sur nos rues en raison de l’agrile du frêne. On n’a pas d’argent pour entretenir ce qu’on a et on veut se lancer dans des dépenses additionnelles? Ce n’est pas justifié selon moi», a-t-il avancé, ajoutant qu’il aurait préféré un agrandissement du parc-nature de la Pointe-aux-Prairies.

«Rien ne sera fait sans consulter les gens, a assuré M. Ferrandez. Ceci étant dit, notre préférence est de garder en vert ce qui est en vert. M. Miranda a affiché ses couleurs. Je rappelle qu’il y a 36 millions de pieds carrés disponibles hors espaces verts dans Anjou.»

Il dit aussi être en discussion avec des entreprises qui veulent avoir leurs installations dans un milieu boisé. «Est-ce qu’on peut avoir un milieu boisé avec une entreprise au centre et un lien de passage vers un parc? Les solutions sont multiples, estime le maire du Plateau-Mont-Royal. On veut des emplois à haute valeur ajoutée. Personne ne veut s’installer dans un centre industriel.»

Les lots visés par le nouveau règlement de la Ville s’étendent jusqu’au sud de l’autoroute 40.

Le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Mtl) qui réclame depuis quatre ans un parc-nature dans l’Est de l’île se réjouit de l’annonce de l’administration. «La municipalité pose le premier jalon pour créer un grand parc dans l’est. Ça c’est vraiment extraordinaire», s’est enthousiasmée la directrice générale du CRE-Mtl, Coralie Deny.

Celle-ci espère que le nouveau parc sera accessible au public, contrairement à l’actuel Bois d’Anjou qui est enclavé par le golf. «C’est plus facile de faire un parc à partir d’un golf que d’une zone industrielle», a rappelé Mme Deny pour expliquer l’importance de reprendre ce terrain plutôt qu’un autre sur l’île.

Une vision ambitieuse à Pierrefonds
En annonçant le projet de règlement pour le Bois d’Anjou mercredi, la mairesse Valérie Plante a également indiqué qu’un projet d’agrandissement du parc de l’Anse-à-l’Orme, serait dévoilé jeudi en présence de la mairesse de Sainte-Anne-de-Bellevue, Paola Hawa.

«La vision pour Pierrefonds-Ouest, c’est de faire un des plus grands parcs urbains au monde, a soutenu Luc Ferrandez, sans donner les détails du projet. C’est quelque chose qui va donner l’exemple au reste de la planète parce que ça va être à la fois une zone de conservation et d’usage différent. C’est exceptionnel ce qu’on est en train de prévoir pour l’Ouest.»

Le comité exécutif avait adopté le mois dernier un projet de règlement pour inclure trois terrains se trouvant à l’ouest du parc actuel. Le plus grand ce ceux-ci (31 hectares) appartient au ministère de l’Environnement du Québec. Le plus petit (0,92 hectare) est la propriété de la ville de Sainte-Anne-de-Bellevue. Et un troisième, de 14 hectares, est détenu par un promoteur immobilier, Développement Immobilier SAB.

«Ça va se faire de façon progressive. Il faut lier une partie de développement au parc, ça ne peut pas être juste du parc. On ne peut pas acheter pour 300M$ de terrains en claquant des doigts», a lancé M. Ferrandez. Il précisé que ce montant était fictif, ne souhaitant pas dévoiler le montant que pourrait offrir la Ville aux promoteurs immobiliers qui détiennent des actifs dans le secteur.

Tout comme dans le cas d’Anjou, M. Ferrandez souhaite que la Ville fasse des acquisitions de terrains «à vitesse grand V» pour atteindre sa cible de 10% d’aires protégées.

«Ce sont de bonnes nouvelles si c’est un grand parc avec plusieurs fonctions. C’est encourageant d’entendre M. Ferrandez», s’est réjoui Maxime Arnoldi, du collectif Sauvons l’Anse-à-l’Orme.

Patrick Barnard, du Conseil de la coalition verte, est aussi enthousiaste face à cette «idée de grandeur» de l’administration. «Si les élus veulent, ils peuvent créer un parc d’envergure internationale. Ce sont les premières étapes, mais j’attends cet engagement total de la part de l’administration», a-t-il jugé.

Avec Steve Caron/Le Flambeau de l’Est

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