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L’IRIS appelle à un changement d’orientation en itinérance

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Photo: Archives Métro

Alors qu’il entamera l’an prochain la mise à jour de ses données de travail sur l’itinérance, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) interpelle les gouvernements – notamment la Ville de Montréal – pour qu’ils privilégient son indice de revenu viable (IRV) afin de combattre efficacement la pauvreté.

À l’heure actuelle, Québec et Ottawa envisagent plutôt la mesure du panier de consommation (MPC) comme indicateur de sortie de la pauvreté. Selon celle-ci, une personne vivant avec moins de 18 000$ par année se trouve en situation de pauvreté. Un seuil fixé à 25 500$ par l’IRV, qui intègre d’autres besoins que le logement, la nourriture et les vêtements.

La Commission sur le développement social et la diversité montréalaise de la Ville réfléchit actuellement à cette question dans la métropole.

Pour faire le point, Métro s’est entretenu avec le politologue et chercheur à l’IRIS, Philippe Hurteau.

Pourquoi l’IRV serait-il plus judicieux que le MPC pour un gouvernement?
Premièrement, il détaille la localité de la personne. Vivre à Sept-Îles, ça ne coûte pas la même chose que vivre à Mont­réal. Les besoins de consommation varient. Et c’est un vrai outil de sortie de la pauvreté. À partir du moment où on calcule que les gens ont une certaine marge de manœuvre pour faire des choix, on module l’indicateur, ce qui ne se fait pas avec le MPC.

À 25 000$, on peut dire [qu’une personne] est vraiment sortie de la pauvreté. Ce qui n’est pas du tout le cas du MPC, à 18 000$ avec de simples besoins de base; ce n’est pas ça, la réalité de l’itinérance.

«C’est une erreur, pour les gouvernements, d’analyser l’itinérance avec un indice restrictif comme le MPC. Ça les enferme dans une compréhension réduite, partielle et statistique de ce qu’est la pauvreté.» – Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS

Il y a des dangers à l’usage du MPC dans les prochaines années?
Oui, plusieurs. En utilisant le MPC, on fait disparaître des pauvres dans les livres. Si on se met dans la peau d’un décideur politique et qu’on regarde les données, effectivement, on a l’impression que la pauvreté recule [avec le MPC]. Est-ce qu’on peut considérer qu’à 18 500$ une personne n’est plus pauvre? Non.

Il est là, le piège. Les organismes communautaires et les banques alimentaires, qui voient que la situation ne s’améliore pas, n’auront plus d’arguments pour convaincre les gouvernements d’investir.

Y a-t-il de l’ouverture­ politique pour changer de modèle, d’indicateur?

On a participé aux consultations menées par le fédéral sur cet enjeu-là. Il y a une oreille attentive. À Québec, c’est plus difficile pour le moment. On sait que nos travaux sont lus, que ça fait partie des discussions, mais il n’y a pas eu de volonté affichée de nous rencontrer pour le moment.

Ce ne sont pas des discussions simples, mais elles sont pertinentes.

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