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Visite du «cerveau» du réseau de transport d’Hydro-Québec

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Québec a battu vendredi 11 janvier un record avec 40 180 mégawatts d’électricité ayant transité sur le réseau d’Hydro-Québec. Si ce cela s’est fait sans heurt, c’est en grande partie grâce au centre de contrôle où se gèrent les principaux flux d’électricité. Visite d’un lieu aussi unique que secret.

Le centre de conduite du réseau (CCR) d’Hydro-Québec est situé dans un bâtiment du centre-ville qu’on ne peut nommer et qui nécessite de passer par cinq points de contrôle pour y accéder. À l’intérieur, l’œil est d’abord attiré par l’immense plan numérique donnant les signes vitaux des composantes du réseau principal (centrales, principaux postes d’aiguillage de l’électricité et 11 719 km de lignes à très haute tension). Ce qui frappe ensuite, c’est qu’il n’y a que trois personnes dans la grande salle. Les trios se relaient toutes les 12 heures, 7 jours par semaine.

Le chef d’orchestre, c’est le répartiteur au contrôle du réseau de transport. Il regarde la «partition»  (l’énorme écran numérique du réseau) et il doit notamment s’assurer que la production des 63  centrales hydroélectriques et des parcs éoliens répond à la demande tout en vérifiant que le réseau ne soit pas en surtension, sous peine de provoquer des bris d’équipement.

Quand Métro est passé lundi matin, et malgré une température de -25 degrés Celsius, Sylvain Poirier, plus de 30 années d’expérience chez Hydro-Québec, était satisfait. «On a eu une belle heure de pointe à 36 700 mégawatts et on a bien su y répondre», mentionne-t-il.

«C’est entre autres parce que plusieurs entreprises ou institutions diminué leur consommation, notamment en stoppant leur système de chauffage électrique pour embarquer sur leur réseau parallèle (mazout ou gaz) afin d’alléger le réseau d’Hydro-Québec», ajoute Geneviève Chouinard, la chargée de communications chez Hydro-Québec.

Petit imprévu toutefois: il est 9h et la demande d’électricité des Québécois reste forte alors qu’elle aurait dû finir par baisser. Devant sa quinzaine d’écrans, Daniel, le répartiteur chargé de suivre la production et la demande d’électricité, s’anime. «Ça tire en tabarouette! L’heure de pointe dure plus longtemps que prévu, il va manquer 200 à 300 mégawatts», lance-t-il à Sylvain Poirier, en l’avisant qu’il a demandé d’augmenter la production à la centrale de Péribonka afin de pouvoir répondre à la demande tout en satisfaisant aux requêtes d’exportation de 4000MW vers les quatre réseaux voisins.

Effectivement, l’indicateur de fréquence (qui mesure l’équilibre du réseau), qui doit idéalement rester à 60.00 hertz, a diminué jusqu’à 59.94 hertz. La cloche d’alerte n’a pas commencé à sonner, mais Sylvain Poirier appelle déjà un des sept centres de téléconduite régionaux. «On leur a fait enlever des inductances et ajouter des condensateurs pour soutenir les tensions du réseau et préserver sa fiabilité», indique le chef d’orchestre du CCR.

Au besoin, Sylvain Poirier pourra s’adresser au dernier membre du trio, qui s’occupe des échanges d’électricité avec quatre voisins du Québec : la Nouvelle-Angleterre, New York, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario. Outre les échanges faisant l’objet de contrats fermes, ce répartiteur est aussi responsable de surveiller l’écoulement des surplus d’électricité d’Hydro-Québec ou de stopper temporairement le flux si le Québec manque d’électricité. Il est donc en contact avec les responsables des transactions énergétiques d’Hydro-Québec et, à chaque heure, ce répartiteur parle aux quatre réseaux voisins. «Au prochain appel horaire, il pourrait par exemple revoir les besoins de chacun des réseaux et confirmer l’exportation de certains surplus tout en s’assurant de répondre à la demande au Québec», explique Caroline Bouchard, chef du CCR.

Cette dernière souligne que même si les répartiteurs sont sur la ligne de front, ils sont épaulés par une équipe de 150 personnes chargées notamment de la planification, de l’informatique en passant par les équipes de support et de dépannage technique.

 

 

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