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Pour que les femmes en détresse puissent reprendre leur souffle

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Photo: istock par Getty Images

Le Chaînon ouvre ses portes quotidiennement à 66 femmes. Des femmes victimes de violence, mais aussi des femmes ayant des dépendances, des problèmes de santé et des troubles de comportement. Malgré les différences, elles recherchent toutes la même chose : souffler un peu.

«On vient ici pour retrouver un peu d’estime, de confiance. Une paix qu’on a perdue. Ce qu’on a en commun, c’est la souffrance, mais on a le goût de se reprendre en main», a laissé tomber une ancienne résidente, Candide*.

Plusieurs des femmes qui ont pris un temps d’arrêt au Chaînon n’auraient jamais cru avoir un jour besoin d’une ressource du genre, jugeant qu’elles ne «ressemblent pas» à l’image stéréotypée d’une femme à la rue.

«Quand je voyais des itinérantes, je me disais qu’elles avaient sûrement des problèmes de consommation, mais ce n’est pas mon cas», a confié Rossyne, une résidente du Chaînon à qui une série de mésaventures a résulté en un séjour ici.

Même son de cloche du côté d’une autre résidente nommée Marie. «Je ne suis pas en dépression, je suis juste brûlée et désorganisée. J’ai besoin d’un lit, de me stabiliser», a-t-elle avoué.

Même s’il est commun d’encourager une personne en détresse d’aller chercher de l’aide, le tabou persiste.

«Souvent, elles ne veulent pas s’identifier comme itinérantes, elles veulent garder leur dignité», a souligné une des intervenantes, Clémentine.

«Personne n’aime paraître vulnérable», a renchéri Candide.

Les femmes qui se présentent au Chaînon peuvent y rester quelques jours, dans l’accueil de nuit, ou même plusieurs mois, dans l’unité court terme. La seule condition pour y être acceptée, c’est qu’il y ait de la place, a indiqué la directrice générale, Marcèle Lamarche. Or, il arrive qu’il n’y en ait pas.

En effet, malgré la notoriété dont bénéficie le Chaînon, Mme Lamarche déplore son sous-financement comparativement à d’autres maisons d’hébergement, qui accueillent des hommes.

«On manque de ressources et c’est un véritable casse-tête pour nous», a-t-elle expliqué.

Marcèle Lamarche, directrice générale du Chaînon.

Appréhender la suite
Le passage au Chaînon amenant sécurité et stabilité aux résidentes, elles sont nombreuses à redouter la vie après leur sortie. La question du logement s’avère préoccupante, car après avoir eu un toit temporaire grâce au Chaînon, bon nombre de femmes se demandent où elles iront ensuite.

«Il y a un manque criant de logements sociaux», a souligné Candide. Même si elle a pu trouver un appartement, elle est bien au fait de la gravité du problème, car elle a siégé sur le comité de sélection du Réseau habitation femmes.

«En permanence, on a une longue liste d’attente qui s’allonge. Il y a de plus en plus de femmes en difficulté et elles ont besoin de logements», a-t-elle insisté, en mentionnant la nécessité de construire des logements sociaux destinés exclusivement pour les femmes.

«De par ce qu’elles ont vécu, plusieurs ne veulent pas ou ne peuvent pas aller dans du logement social où il y a des hommes comme locataires», a illustré Candide.

Entre temps, le Chaînon a fait l’acquisition d’une maison «avec le peu de moyens dont il dispose». Avec la collaboration d’Accès Logis, le bâtiment sera transformé en 49 nouvelles unités logements.

Même si elles tentent de voler de leurs propres ailes, ces femmes demeurent attachées au Chaînon.

«À n’importe quel moment, on sait que la porte est ouverte. C’est important pour maintenir le sentiment d’appartenance et de sécurité. Je peux dire que j’ai le Chaînon tatoué sur le cœur», a lancé Candide en souriant.

*nom fictif

***

Le Chaînon fait partie du mouvement Soupe pour elle, qui amasse des fonds pour les organismes venant en aide aux femmes en difficultés.

 

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