Qualité de l’air: une rencontre pour calmer les inquiétudes
Alors qu’un renouveau économique est promis dans l’est de Montréal, les questions environnementales inquiètent toujours les citoyens qui vivent à l’ombre des industries. Les élus ont voulu se faire rassurants en tenant une nouvelle rencontre citoyenne portant sur la qualité de l’air. Or, selon plusieurs intervenants, bien des questions sont restées sans réponses.
Depuis la publication d’un rapport fort médiatisé dévoilant un taux élevé d’émanations d’arsenic de l’affinerie CCR, l’année dernière, la question de la qualité de l’air dans l’Est est revenue en avant-scène. Malgré que les taux ne soient pas «alarmants», selon la santé publique, et l’installation d’un nouveau dépoussiéreur par l’entreprise, les craintes demeurent.
Plus d’une centaine de citoyens se sont rendu au Centre récréatif Édouard-Rivet pour entendre l’état de la situation livré par des experts de la Ville et de la Direction régionale de la santé publique (DRSP).
«On rebâtit une confiance perdue, indique Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Ce soir on a démontré aux Montréalais qu’il y avait un travail sérieux qui se faisait, et que des éléments allaient venir dans les prochains mois, avec les analyses en cours.»
Une situation qui s’améliore
Pendant près d’une heure, les autorités ont insisté, données à l’appui, sur l’amélioration constante de la qualité de l’air depuis le début des années 2000. Seule l’ozone est en hausse parmi les polluants analysés.
«On voit maintenant des secteurs dans l’est dont l’espérance de vie dépasse ou est égale à la moyenne montréalaise» – Dr. Sidonie Pénicaut, de la DRSP
Plusieurs mesures, dont l’interdiction des foyers de bois dépassant une norme d’émission de 2,5g/h et le développement du transport en commun, contribueront encore davantage à l’amélioration de la situation, espère-t-on.
Le camionnage mis en cause
En 2018, selon la Ville, on n’a compté qu’entre 6 à 9 jours de mauvaise qualité de l’air dans l’est, à l’exception de la station de mesure située à proximité du port de Montréal, qui en a enregistré 17, l’un des plus hauts totaux de l’île.
Tous sont dus à la présence de particules fines, générées à 45% par le transport. Ces émissions ont d’ailleurs été au cœur des préoccupations exprimées lors de la séance d’échange.
«Ce sont les riverains de l’est qui vont écoper de l’intensification du camionnage et l’augmentation prévue de la capacité portuaire de 60% dans les cinq prochaines années, des travaux du pont-tunnel et de toute l’industrie de la logistique qui s’installe» – Raymond Moquin, président du Collectif en environnement Mercier-Est.
Des inquiétudes qui subsistent
S’ils ont salué «un début de communication», appréciant avoir l’opportunité de poser des questions et proposer des pistes de solutions, plusieurs citoyens présents ont affirmé être resté sur leur faim, ayant espéré des mesures concrètes.
«Nous n’avons rien appris de nouveau, et nous attendons toujours des annonces, pas de se faire dire que les analyses sont en cours», a déploré Nadine Monette, résidente de Mercier-Est.
Plusieurs ont dénoncé le manque un manque de transparence, et demandé que la liste des entreprises ayant reçu un avis d’infraction soit rendue publique. «Si CCR ne s’était pas fait prendre et qu’un journaliste n’avait pas alerté la population là-dessus, on ne serait pas ici aujourd’hui, parce personne ne nous prévient!», a lancé l’un d’eux.
De nouvelles données sur Glencor et CCR seront disponibles en 2020, et la mise à jour des études, demandée par Montréal, est en processus, a-t-on assuré.
La mairesse Valérie Plante avait également promis en matinée que des «actions supplémentaires» seraient prises dans le secteur au cours des prochaines semaines.
Ce qu’ils ont dit
«Nous avons rencontré CCR. Nous sommes satisfaits des résultats préliminaires, ils vont respecter la norme sur l’arsenic. Un rapport va sortir en octobre.» -Robert Coutu, maire de Montréal-Est
«Je trouve dommage que ça ait été aussi long avant que la rencontre ait lieu. J’aimerais que les gens du service de l’environnement soient plus libres de répondre aux questions des citoyens, et que les avis d’infractions donnés aux entreprises soient rendus publics.» Mario Beaulieu, député de la Pointe-de-l’île
«Des travaux et des analyses se font, un rapport va sortir à la fin de l’année. Les entreprises qui ne collaborent pas, nous allons les pointer du doigt.» -Jean-François Parenteau, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal