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Santé mentale : les appels à l’aide se multiplient pendant le confinement

Santé mentale
Le prolongement de la période de confinement a occasionné des défis pour le maintien d'une bonne santé mentale. Photo: Gerd Altmann/Pixabay

Malgré la multiplication des arcs-en-ciel annonçant que « ça va bien aller », la situation reste difficile pour bien de Québécois. Les lignes d’écoute qui offre un soutien psychologique peinent à répondre à la demande.

« Il y a un certain pourcentage d’appels auxquels on ne peut pas répondre, en fonction du nombre de bénévoles. Certains appelants doivent être mis en attente, et il y en a qui abandonnent dans cette période », explique d’entrée Pierre Plourde, coordonnateur de l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec (ACETDQ).

Une réalité qui existait déjà, mais qui devient néanmoins beaucoup plus présente, alors que le volume d’appels augmente partout.

« Depuis le début du confinement, on sent aussi une dégradation graduelle de l’état des gens au téléphone. » – Jonathan Brazeau, coordonnateur chez Écoute Entraide

Jonathan Brazeau, coordonnateur chez Écoute Entraide, observe une augmentation d’environ 25% du nombre d’appels. « On note aussi une différence par rapport aux types d’appels. Il y a beaucoup de nouvelles personnes qui n’avaient jamais appelé une ligne d’écoute. Depuis le début du confinement, on sent aussi une dégradation graduelle de l’état des gens au téléphone. »

Un manque de main-d’œuvre

À Écoute Entraide, un nouveau système mis en place depuis trois mois permet aux bénévoles de prendre les appels de chez eux. Un cas d’exception.

« On fonctionne actuellement avec la moitié de nos effectifs, révèle Lucie Brais, directrice générale de Tel-Écoute. Certains sont âgés et restent chez eux. D’autres sont en quarantaine. Ceux qui sont encore présents doivent répondre à beaucoup plus d’appels. »

De nombreuses personnes ont répondu à l’appel du gouvernement et ont proposé leur aide en tant que bénévoles. À Écoute Entraide, on les compte par centaines. Cependant, malgré toute leur bonne volonté, les centres d’appels peuvent difficilement les accepter.

« On les remercie, mais le problème, c’est que ça prend une formation pour répondre à nos lignes d’écoute, explique Mme Brais. Il y a des appels qui sont dérangeants. On ne peut pas mettre n’importe qui en arrière d’une ligne. »

Les défis du confinement

Le confinement à la maison peut être un défi bien difficile pour la bonne santé mentale des individus, alors que l’incertitude et l’isolement se prolongent indéfiniment.

« On est tous confinés, mais nous ne sommes pas tous égaux dans les circonstances, alors que la situation individuelle de chacun peut changer », souligne la Dre Christine Grou, la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Elle rappelle qu’au confinement, d’autres éléments comme la situation financière et familiale peuvent augmenter le stress sur la santé mentale des individus.

À cela, s’ajoute également l’ennui, l’un des principaux enjeux actuels à ses yeux.

« Il faut essayer de garder une certaine routine, et d’avoir une alternance entre stimulation intellectuelle et exercice physique, ajoute-t-elle. On est dans un changement de vie radicale. Ça demande beaucoup d’adaptations. »

L’anxiété et l’inquiétude face à l’incertitude sont également bien normales. « Il faut éviter la surexposition aux nouvelles. Ça a un effet extrêmement déprimant sur le cerveau, souligne-t-elle. C’est important d’être bien informé, mais il faut un équilibre. »

Une situation difficile pour tous

Bien qu’on puisse penser que le confinement serait pire pour les personnes solitaires, ce n’est pas nécessairement le cas, ajoute Gaëtan Roussy, vice-président de l’Association des psychologues du Québec.

« Ça peut paraître paradoxal, mais pour les personnes qui ne sont pas seules, ça peut être difficile, puisqu’elles n’ont plus d’espace personnel. Il peut y avoir des tensions liées à ça », explique-t-il.

Pour ceux qui sont seuls, il souligne que le confinement n’a pas besoin de signifier isolement, et que ces personnes ne devraient pas hésiter à appeler leurs proches pour garder un contact humain.

« C’est difficile pour tout le monde, mais il faut se rappeler que la situation ne sera pas éternelle », conclut-il.

Des capsules d’astuces

Le Mouvement Santé mentale Québec a pour sa part commencé à publier des capsules vidéos afin de donner des astuces permettant de garder un certain équilibre mental.

« Il faut travailler et renforcer sa bonne santé mentale. Un peu comme on peut faire de l’exercice pour muscler notre corps. C’est quelque chose qui se construit et se maintient avec des efforts », explique Renée Ouimet, directrice du Mouvement.

Depuis quelques années, le Mouvement produit des capsules faisant la promotion d’astuces pour maintenir une bonne santé mentale. Avec la crise actuelle et les défis que ça occasionne, elles sont remises de l’avant quotidiennement sur les réseaux sociaux.


Quelques ressources :

L’ACETDQ a mis en place une ressources en ligne permettant d’orienter une personne vers la ligne d’écoute la plus approprié à ces besoins.

Le Mouvement Santé mentale Québec publie chaque jour des capsules pour donner des astuces afin de maintenir une bonne santé mentale.

L’Ordre des psychologues du Québec propose un guide offrant des conseils psychologiques au grand public afin de l’aider à surmonter la crise actuelle.

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