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5 tendances sur la route qui mettent les piétons en danger

Photo: iStock/ImageegamI

Pour atteindre l’objectif zéro décès et blessé grave sur les routes de Montréal, c’est toute une culture de l’automobile qu’il faudrait repenser, selon les expert.e.s de la sécurité routière. Parmi les éléments présents dans cette culture où les collisions avec les piétons sont en augmentation, en voici cinq qui augmentent le facteur de risque.

1. Trop de voitures

«Montréal n’a pas été construite pour autant de débit de circulation comme on a en ce moment», explique Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec. La quantité de véhicules «fait en sorte que nos piétons décèdent plus», ajoute Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire piétons et espace urbain à l’INRS.

«Quand on est piéton, on n’est pas protégé par une “boîte de métal” comme le conducteur peut l’être.» L’experte en sécurité routière croit qu’il faudrait limiter le nombre de voitures conduites par des personnes uniques (l’auto solo) sur les routes. Mais cela doit d’abord passer par le renforcement des infrastructures pour les piétons et les cyclistes ainsi que par l’offre de transports en commun, notamment. «On ne peut pas juste demander aux gens d’arrêter de prendre la voiture s’ils n’ont pas d’autres options.»

2. Plus de véhicules lourds

Non seulement le nombre de véhicules en circulation augmente, mais les dimensions des autos roulant sur nos routes n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Cela a notamment pour conséquence d’augmenter les angles morts des véhicules.

Nombre de véhicules circulant à Montréal par type de véhicule de 2000 à 2021. Graphique: Clément Bolano

«Cette cure du tout-à-l’auto, du nouveau gros pick-up au VUS s’étend en Amérique du Nord et même en Europe. […] Arrêtons de créer des forteresses sur roues», martèle Martin Lavallière, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et membre du Réseau de recherche en sécurité routière (RRSR) du Québec.

La hauteur de ces voitures éloigne les conducteurs des éléments visuels environnants, trottoirs et panneaux de signalisation. «Plus on est haut, moins on a la perception de la vitesse», résume-t-il. Et donc, on perçoit moins le danger.

3. Le vieillissement de la population

Parmi les facteurs expliquant l’augmentation des collisions mortelles avec les piétons, les experts notent le vieillissement de la population. Les personnes aînées sont en effet les principales victimes des collisions.

Évolution du nombre de piétons décédés par tranche d’âge entre 2011 et 2020. Graphique: Clément Bolano

«À Montréal, plus de la moitié des décès sont des personnes âgées. Au niveau des collisions de piétons, le vieillissement de la population généralisé au Québec entre en ligne de compte. À même vitesse et dans un contexte similaire, une personne âgée qui se fait frapper par un automobiliste a plus de chance de décéder en raison de sa condition physique», explique Marie-Soleil Cloutier.

Les temps de traversée trop courts sont particulièrement pointés du doigt. «Une personne aînée qui a surestimé sa vitesse de marche et qui se retrouve dans la rue pendant le clignotant rouge ne devrait perdre pas la vie pour ça», soutient la chercheuse, qui voit là l’inadéquation entre l’environnement urbain et la population.

4. La banalisation du cellulaire au volant

L’usage du cellulaire est de plus en plus fréquemment à l’origine d’une collision. Son usage au volant relève d’une «certaine forme de négligence», selon le membre du Réseau de recherche en sécurité routière (RRSR) du Québec.

«On a décidé de ne pas l’interdire complètement au Québec, mais toutes les études sur le cellulaire au volant concluent qu’il y a un effet sur l’attention et sur la conduite, même avec un kit mains libres, fait valoir Marie-Soleil Cloutier. C’est un risque qu’on a décidé de prendre collectivement.»

5. La vitesse de circulation

C’est connu, mais rappelons que la vitesse est le «facteur numéro un» dans les collisions. «Les gens ont l’impression de ne pas commettre d’infraction quand ils font des petits excès de vitesse. Ils se disent que ce n’est pas grave car tout le monde le fait. […] Il faut les convaincre de ne pas suivre le trafic», analyse Mario Vaillancourt, relationniste à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Sur la carte ci-dessous, on peut voir tous les endroits où un piéton a été percuté par un véhicule ces trois dernières années. (En cas de problème d’affichage, cliquez ici.)

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