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Mois de l’histoire des Noirs: la cause a reculé au Québec, soutient son président

Les activités débutent officiellement dès le 2 février prochain sous le thème «L’obscurité à la lumière». Photo: Photo: Denis Germain

Sous le thème De l’obscurité à la lumière, la Table ronde du Mois de l’histoire des Noirs (TRMHN) s’apprête à lancer sa 32e édition, le 2 février, dans un contexte où la cause des personnes de couleur «a reculé» au Québec, selon son président, Michael Farkas. En entrevue avec Métro, il ne cache pas ses amertumes face au manque de progression de certaines luttes au profilage racial, à la surpopulation carcérale ou encore à la représentation des Noirs dans les espaces décisionnels.

«La cause des Noirs a reculé au Québec sous le régime de la CAQ, soutient-il. En matière de diversité, ils font minimalement ce qu’il y a à faire, mais sur le plan du discours, reconnaitre les valeurs des Noirs, non.»

«Il faut continuer à sensibiliser aux combats, aux causes que nous vivons encore aujourd’hui sur plusieurs facettes», plaide M. Farkas, qui croit que 32 ans de célébration de la vie et de l’histoire des Noirs ne représentent pas grand-chose au regard de l’Histoire.

Ils ont mis tellement d’années pour nous détruire que cela va prendre encore plusieurs années pour revenir en force. Mais nous sommes en droit pour le moment de croire que c’est le retour des Noirs, de rectifier les faits historiques.

Micheal Farkas, président du Mois de l’histoire des Noirs

Dès le 31 janvier, une dizaine d’activités seront réalisées dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, principalement à Montréal, dont des Conversations noires. Il s’agit d’une conférence par et pour la communauté, tenue le 25 et 26 février, où des leaders d’opinion se rassembleront pour explorer le pouvoir de l’imagination dans des panels de discussion, des séries d’ateliers, des activités sur place, des expériences artistiques et plus encore.

«Mais c’est à longueur d’année qu’on respire et qu’on brille», renchérit M. Farkas.

«Donner la chance au coureur»

Interrogé sur l’arrivée de Fady Dagher comme chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le dirigeant du TRMHN croit qu’«il faut donner la chance au coureur».

«Mais il n’y a pas que lui qui peut faire quelque chose», précise Michael Farkas. Il interpelle donc les politiciens, notamment le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ). «La police aura fait son bout de travail, alors que les institutions politiques ne sont pas à la table, déplore-t-il. Le bras politique, la CAQ de François Legault, qui croit que le police devrait être encore plus répressive en contestant le jugement Yergeau, n’aide pas.»

Il regrette également que des Noirs, capables et formés, ne soient toujours dans des positions de responsabilité, comme dans les conseils d’administration d’Hydro-Québec et d’autres sociétés d’État.

Nombre d’employés noirs à la Ville

N’empêche que près de 150 employés noirs de l’administration municipale tiennent à souligner le Mois de l’histoire des Noirs à leur manière. Le Réseau d’action des employés noirs de la Ville de Montréal (RAEN), le Regroupement des employés noirs et afrodescendants du SPVM (RENA), le Bureau de la lutte au racisme et aux discriminations systémiques (BRDS), ainsi que des représentants des services centraux et d’arrondissements, du SPVM, du Service des incendies (SIM) et du Service des ressources humaines, ont élaboré une programmation axée sur la «reconnaissance et la sensibilisation».

Il n’y a pas de données sur le nombre d’employés noirs au sein de l’administration montréalaise. Mais selon Ogino Hyacinthe, coordonnateur d’un Comité interservices des employés noirs à la Ville, le SPVM compterait 350 policiers et civils noirs. Aucune donnée sur les autres services.

«La Ville de Montréal refuse systématiquement de collaborer à notre enquête sur la représentativité des Noirs parmi son personnel. On a un refus de collaborer, tandis que la Ville de Laval est exemplaire. On ne comprend pas.»

Édouard Staco, président du Sommet des jeunes noirs

Les CIUSSS, la Caisse de dépôt et bien d’autres sociétés d’État et organismes «nous fournissent pourtant des chiffres», note M. Staco. Le Sommet, qui regroupe une cinquantaine d’organismes dirigés par des Noirs, souhaite recueillir ces données afin de pouvoir adresser les problématiques liées à cette cause et de faire des représentations.

Interrogé sur la 32e édition du Mois, Édouard Staco croit qu’après tout, la communauté est bourrée de talent, plus forte, plus confiante et fait face à ses réalités, «mais a des défis importants» à relever. Et la meilleure façon de le faire, selon lui, est de «désagréger les données» la concernant. «Car, fait-il remarquer, le groupe qu’on appelle communauté visible cache la réalité des communautés noires. Il faudrait que les organisations collectent des infos spécifiquement aux Noirs.»

Le dernier Recensement national des ménages de Statistique Canada, qui date de 2021, montre que le revenu moyen des Noirs avec un baccalauréat et plus est de 70% du revenu moyen des personnes caucasiennes. Toute la programmation du Mois de l’histoire des Noirs se trouve ici.

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