Des boutiques de vapotage se déguisent en confiseries
Au moins deux chaînes de boutique de vapotage à Montréal auraient transformé leur magasin pour y servir des bonbons afin de contourner les lois y interdisant la présence de mineurs, dénonce la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
En remplaçant leurs étalages de produits de vapotage par des étalages de friandises, les boutiques peuvent être reconnues légalement comme des points de vente ordinaires, au même titre que des dépanneurs, mais tout en continuant d’être affichées comme des boutiques pour fumeurs.
Dans une plainte déposée au ministre de la Santé Christian Dubé, la Coalition remet en question l’offre de friandises, qui «semble plutôt secondaire, comme si cette dernière servait de prétexte pour justifier le statut légal». On y pointe notamment du doigt les succursales Vapetown, dont le reçu de caisse affiche «Mtl munchiz» et dont l’inscription sur le compte de carte de crédit est «Monsieur Chicha».
Les boutiques Munchiz, quant à elles, offrent une variété de bonbons exotiques digne d’un confiseur, en plus de produits de vapotage distribués grâce à un partenariat avec Vapetown.
Visée par la plainte, la chaîne Eurovap est très active sur les réseaux sociaux. On n’y fait pas la publicité des produits de vapotage, mais des bonbons et boissons sucrées qui y sont disponibles. Pourtant, jusqu’en novembre 2021, mois où l’Association québécoise des vapoteries et l’Association canadienne du vapotage ont perdu en appel une contestation de la loi qui encadre ces boutiques, le site web d’Eurovap faisait uniquement la promotion de ses produits de vapotage.
Selon Flory Doucas, porte-parole de la Coalition, cette transformation est avant tout un calcul d’affaires. «Il y aurait plus de bénéfices pécuniaires à exposer des jeunes à l’offre de produits de vapotage et au marketing de saveurs qui les entourent qu’à se contenter de servir une clientèle de vapoteurs adultes», explique-t-elle.
S’appuyant sur une étude menée par le Nordic Welfare Centre, elle soutient que les saveurs ont l’effet de minimiser les risques aux yeux des consommateurs et des consommateurs potentiels. De ce fait, elle craint que le fait d’exposer les jeunes à des produits de vapotage associés à des bonbons puisse les inciter à vapoter.
«Si les jeunes veulent fumer ou vapoter, ils trouveront des moyens pour s’en procurer, explique la porte-parole. La clé est d’empêcher les situations qui favorisent la tentation et le désir de vapoter, ce qui passe en premier lieu par un encadrement qui empêche la banalisation de ces produits.»
La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac propose donc d’interdire les saveurs, une possibilité que considère déjà Santé Canada. Elle souhaiterait également que plusieurs autres mesures soient mises en place: limiter le taux de nicotine pour les cigarettes électroniques; imposer un volume maximum pour les bouteilles et cartouches de liquide; standardiser leurs emballages; imposer une mise en garde sur les risques sur la santé; interdire les dispositifs de vapotage intelligent; instaurer un système de permis tarifé de vente; et mieux contrôler le nom des boutiques spécialisées.