L'esprit de l'État d'urgence survit grâce à Fin novembre
Après 12 ans d’État d’urgence, l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) a dû mettre un terme à son événement annuel consacré au monde de la rue. Loin de vouloir laisser tomber les quelque 30 000 sans-abris que compte toujours Montréal, Annie Roy et Pierre Allard, les deux artistes derrière l’ATSA, ont choisi de créer Fin novembre, un événement en forme de cri du cœur qui permettra à tous les indignés de la métropole de faire connaître leur mécontentement. Métro s’est entretenu avec Annie Roy.
L’État d’urgence n’aura pas lieu cette année, pourquoi?
L’événement État d’urgence était devenu très gros. On avait réussi à monter toute une architecture sociale autour de nous. C’était devenu à la fois un festival avec une programmation artistique, et un endroit où on offrait des dortoirs, des soins psychologiques et physiques, des ateliers de réparations de sacs à dos, des coupes de cheveux, des massages et des vêtements. C’était une très grosse logistique. On aurait aimé pouvoir continuer l’événement, mais il aurait fallu faire une passation des pouvoirs pour que l’événement perdure et qu’à l’ATSA, on puisse continuer à créer autre chose. Mais pour ça, il aurait fallu former une équipe parallèle et ça nous prenait de l’argent de façon récurrente, ce qu’on n’a pas obtenu.
Sentez-vous un désintérêt de la part des gouvernements pour les causes touchant la pauvreté?
Il manque de volonté politique. C’est choquant, parce qu’il y en a de l’argent. Mais il faut une volonté d’aller au-delà des festivals glamour.
Cette année, vous avez décidé d’organiser Fin novembre, un «non-état d’urgence». Quel est l’objectif de l’événement?
On n’avait pas le goût de lâcher complètement le morceau. Et puisque la fin novembre était devenu notre moment de rendez-vous, on voulait inviter les gens à un autre grand rassemblement à la place Émilie-Gamelin.
Qu’est-ce qui y sera proposé lors de l’événement?
On tournera tout d’abord, le 18 novembre à 19 h, une vidéo en réponse au film Quand en aurez-vous assez?, qui illustre le ras-le-bol de la population par rapport au partage inéquitable des richesses. Cette vidéo sera dans la lignée des indignés, mais constitue une alternative plus «easy going» à l’occupation du square Victoria. Ce sera notre façon de crier notre dégoût. La vidéo sera par la suite projetée sur une immense installation, faite de conteneurs, jusqu’au 27 novembre. Il y aura aussi, tous les soirs, du 18 au 27 novembre, des spectacles musicaux, des numéros de cirque, des roulottes de restauration et des prises de parole.
Fin novembre risque-t-il de devenir un événement annuel?
On va le vivre cette année avant de prendre une décision. Ça dépendra de comment l’événement va se vivre et des réflexions que nous aurons pendant l’année qui suivra. Mais c’est sûr que l’ATSA aimerait garder ce rendez-vous annuel, Fin novembre, c’est une belle manière de continuer les 12 années d’État d’urgence. Ça nous permettrait d’aller de l’avant, sans laisser tomber cette cause.
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L’ATSA est toujours à la recherche de bénévoles pour l’événement Fin novembre. Pour plus d’information, visitez le site de l’ATSA ou sa page Facebook.