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Workaholics anonymes: quand le travail est une dépendance

Photo: Archives/Métro

«Le travail, c’est la santé», chantait Henri Salvador. Pour certains, toutefois, il est plutôt une véritable obsession et une source constante d’anxiété. C’est notamment le cas des workaholics anonymes de Verdun, qui se réunissent chaque premier et troisième lundis du mois au CLSC de l’arrondissement. TC Media a assisté à l’une de ses rencontres bimensuelles.

À Verdun, les workaholics ont reconnu leur ardeur au travail comme un problème, et ont choisi de se rencontrer et d’échanger entre eux afin de se supporter dans leur quête d’abstinence. L’arrondissement est le seul endroit au Québec où des rencontres ponctuelles ont lieu selon les principes de la fraternité internationale Workaholics anonymous (WA).

Suivant les principes de base d’autres associations similaires plus répandues, telles que les alcooliques ou les narcotiques anonymes, les WA cherchent à se défaire d’une addiction qui a des effets dévastateurs sur leur quotidien et leurs relations interpersonnelles: le travail.

Les gens présents à la réunion viennent tous de domaines professionnels complètement distincts: communication, enseignement, marketing, ingénierie…Tout le monde peut développer une dépendance au travail.

«Le travail est le seul moyen que j’ai de me valoriser auprès des autres», «Si je n’ai pas bien performé au travail, je considère que toute ma journée est ratée», «Je suis incapable de déléguer des tâches, je préfère tout prendre sur mes épaules», «Je pense au travail en mangeant, en faisant l’épicerie, même en dormant».

L’un après l’autre, les participants révèlent à quel point la dépendance au travail affecte leur quotidien.

Soutien
Le groupe offre un soutien personnalisé à chaque participant, où les notions d’anonymat, d’accompagnement quotidien et de partage prévalent.

«Chaque personne intéressée à cheminer avec nous se choisit un parrain ou une marraine, avec lequel il créera un plan d’abstinence qui répond à ses besoins spécifiques, explique une participante. Par exemple, ça peut-être de ne jamais faire aucune activité reliée au travail le dimanche, de prendre le temps de manger en famille tous les soirs ou de garder des moments durant la journée pour méditer.»

«Le travail, contrairement aux autres dépendances, ne peut être interrompu complètement, ajoute une autre membre. Il fait toujours partie de notre vie. L’objectif, c’est de trouver un équilibre, d’apprendre à écouter sa puissance supérieure et les signes qui se manifestent quand on en fait trop.»

Dépendance valorisée
Cette forme de pathologie, nommée le workaholisme, est peu reconnue au sein de la société selon Dr. Camillo Zacchia, psychologue à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, le travail et la productivité étant très valorisés.

«Tout le monde veut faire plus d’argent, avoir plus de succès au travail, avoir une meilleure éducation. Les demandes sont infinies. Le message entre prendre soin de soi-même et la productivité ne se chevauchent pas toujours très bien. Les gens les plus prompts à faire des burn-out sont ceux que les employeurs veulent embaucher. Ils disent oui à tout, consacrent beaucoup d’énergie au travail. Mais à quel prix?»

Les workaholics ont cependant tous au moins un point en commun: ils consacrent plus de temps et d’énergie à leur métier qu’à leur bien-être personnel ou celui de leurs proches.

«Pour que l’ardeur au travail soit reconnue comme un problème, il faut que ça affecte notre bonheur personnel ou notre fonctionnement, explique Dr. Zacchia. Si le travail affecte notre humeur, notre sommeil, notre patience et nos relations interpersonnelles, il faut penser à consulter.»

Pour plus d’informations sur les WA et le cheminement qu’ils proposent, et pour obtenir le lieu et les dates des réunions verdunoises, cliquez ici.

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