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Les impacts des mégahôpitaux sur la population

Photo: Collaboration spéciale

Quels seront les impacts de l’ouverture des gigantesques Centre universitaire de santé McGill à Montréal (CUSM) et Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) sur la façon dont les citoyens perçoivent et expérimentent les hôpitaux? Des dizaines de chercheurs tenteront d’y répondre en replaçant les hôpitaux montréalais dans leur contexte historique, architectural et de livraison de services, à l’occasion d’un colloque qui se tiendra jeudi et vendredi au Musée McCord.

L’historienne Denyse Baillargeon dresse un parallèle entre le déménagement de l’hôpital pour enfants Sainte-Justine en 1957 et celui du CHUM en 2016.

«Il y a eu beaucoup d’opposition de la population canadienne-française quand l’hôpital a déménagé de la rue Saint-Denis, au cœur de la communauté, vers le chemin Côte-Sainte-Catherine, a relaté Mme Baillargeon. Pourtant, l’hôpital devait absolument déménager, car il n’avait plus assez de place pour s’agrandir.»

Mme Baillargeon raconte comment les citoyens, qui avaient l’habitude de faire chaque année de généreux dons à l’établissement, ont boudé la campagne annuelle suivant le déménagement. Bien qu’il se soit par la suite développé, l’attachement de la population envers l’hôpital n’aurait plus jamais été aussi fort.

Cela démontre, selon la chercheuse, que les hôpitaux ne sont pas que des lieux de soins, mais des lieux de développement d’une culture à laquelle les citoyens et les employés s’identifient. «L’Hôtel-Dieu, l’hôpital Saint-Luc et l’hôpital Notre-Dame ont chacun leur propre culture institutionnelle. C’est entre autres pour cette raison que leur réunion dans le mégahôpital du CHUM a occasionné de la résistance de la part du personnel. Même parmi la population, certains vont sentir qu’ils perdent leurs hôpitaux», estime Mme Baillargeon.

Il est encore trop tôt, croit l’historienne, pour savoir de quelle manière la population va adopter les nouveaux méga-hôpitaux

Impact sur les communautés avoisinantes
Un peu partout en Amérique du Nord, les gros hôpitaux ont tué l’activité commerciale dans les quartiers où ils sont situés. C’est l’un des constats que fait Nik Luka, professeur d’architecture à l’Université McGill, qui a étudié les impacts de plusieurs grands projets hospitaliers sur les communautés avoisinantes.

«Comme le CHUM et le CUSM sont situés dans des zones où il y a déjà peu d’activité commerciale, il n’y a pas de risque que ça “tue” quelque chose. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que ça dynamise le secteur», a commenté M. Luka. L’insertion d’un tel campus à vocation unique et d’une clientèle spécialisée ne serait pas intéressante pour les boutiques, les restaurants et les cafés.

M. Luka croit qu’il sera tout de même intéressant d’observer, dans les années à venir, l’impact des mégahôpitaux montréalais sur la valeur des terrains adjacents. Le secteur résidentiel pourrait se développer avec le besoin des médecins et des autres professionnels de la santé d’avoir un pied-à-terre à proximité de leur lieu de travail.

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