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Je prends l’avion pour Rio

Au moment d’écrire ces lignes, je suis à l’aéroport Montréal-Trudeau et j’attends mon vol pour Rio de Janeiro, Brésil. Non, ceci ne sera pas une chronique de voyage! Je n’ai pas de chapeau d’Indiana Jones avec moi. Je ne vais pas partir à l’aventure sur le fleuve amazonien. Et si je vois une plage plus d’une heure, je vais me compter chanceux.

Je vais participer à la Conférence des Nations unies sur le développement durable, surnommé Rio +20. Avec tous les enjeux entourant l’environnement et la pauvreté, vous serez sans doute surpris d’apprendre que cette conférence se tient qu’une fois par décennie…

La dernière conférence a eu lieu à Johannesbourg en 2002 et la précédente à Rio, d’où le surnom, Rio +20. En 1992, nous avions fracassé des records. Plus de 100 chefs d’État s’y étaient rendus et les nations y avaient pris des engagements ambitieux : stabiliser les émissions de gaz à effet de serre, sauvegarder la biodiversité et mettre en route le développement durable. Les déclarations et traités signés en 1992 ont façonné le débat environnemental et même les débats géopolitiques majeurs des 20 dernières années. Le protocole de Kyoto et la conférence de Copenhague sur le climat, par exemple, sont des résultats directs de Rio ’92.

Certains diront que la Sommet de la Terre de 1992 et ses traités sont un échec puisque dans les faits, les émissions de gaz à effet de serre ont depuis augmenté et la perte de biodiversité se poursuit, voire s’intensifie. Bien qu’il soit indéniable que l’environnement se dégrade à l’échelle planétaire selon presque tous les indicateurs, la conscientisation des gens, elle, augmente.  En 1992, la collecte sélective n’était pas implantée à Montréal, on coupait allègrement dans les services de transport en commun, l’éolien était un rêve et le commerce certifié équitable n’avait pas encore vu le jour.

Cette année-là, j’avais passé des mois à organiser un rassemblement pour souligner les attentes citoyennes à l’égard du Sommet de la Terre. J’ai un peu honte de vous l’écrire, mais nous avions rassemblé… 100 personnes.

Vingt ans plus tard, la situation a évolué : jeter un morceau de papier ailleurs que dans un bac vert ou bleu est devenu un tabou social; les Montréalais ont fracassé le record de tous les temps d’achalandage du transport en commun, il s’est investi des milliards de dollars pour ériger des parcs d’éoliennes et on retrouve des produits certifiés équitables chez presque tous les détaillants alimentaires de la province.

Le 22 avril dernier, 250 000 personnes se sont rassemblées à Montréal et partout au Québec pour exiger un plus grand respect de l’environnement. 250 000! On dira ce qu’on voudra, la protection de l’environnement est une priorité des Québécois. C’est peut-être aussi l’un des seuls enjeux qui rassemble les fédéralistes, les souverainistes, la gauche et la droite.

Rio +20 va sonner une autre alarme. Les gouvernements devront réagir (enfin, la plupart, peut-être pas celui M. Harper qui va dans le sens contraire…). Ils signeront des déclarations, prendront des engagements et de retour dans leur pays, adopteront des politiques, des lois et des règlements pour mieux protéger l’environnement.

Mais au-delà des cadres normatifs, nous aurons besoin d’innovateurs. Et l’innovation viendra des groupes citoyens, des coopératives et des entreprises privées. Il faut innover technologiquement, certes, et le secteur privé s’en chargera, mais, surtout, il faudra innover socialement. Comment repenser le transport en commun pour qu’il ne soit plus perçu comme un poids social à subventionner, mais bien un moteur de l’économie et un outil d’inclusion social? Comment offrir à des milliards de personnes de l’électricité renouvelable et abordable? Les groupes écologiques devront repenser leurs réponses à ces questions. Ils devront eux aussi innover.

Voilà pourquoi je vais à Rio : pour trouver les exemples les plus probants d’innovation et pour me faire inspirer par des citoyens qui réinventent les débats et qui changent le monde.

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