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Voyage en Inde: l'opposition malmène Trudeau

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les partis d’opposition attendaient Justin Trudeau de pied ferme, lundi, impatients d’obtenir des clarifications sur certains aspects controversés de sa visite officielle en Inde. Ils sont restés sur leur appétit.

Le premier ministre, qui est rentré au pays dimanche, n’était pas à la Chambre des communes pour faire face au barrage de questions lui étant destiné. Il s’est accordé une journée «personnelle», selon son itinéraire, après ce mouvementé voyage en Inde.

Dans les banquettes de l’opposition officielle, on a néanmoins sonné la charge, multipliant les reproches au sujet de la houleuse mission indienne, qualifiée de «voyage de luxe», de «grand cirque» ou encore de «voyage familial».

L’un des députés envoyés au front, Pierre Paul-Hus, a soutenu que ce voyage en sol indien avait été une occasion de constater un «problème», à savoir que Justin Trudeau «a l’air d’avoir une affection» pour les «terroristes».

Il faisait référence à la présence de Jaspal Atwal, un extrémiste sikh reconnu coupable en 1986 de tentative de meurtre contre un ministre indien en Colombie-Britannique, à une réception canadienne où se trouvait le premier ministre.

Le député cherchait à savoir comment l’homme avait pu se tailler une place sur la liste d’invités. Il n’a pas obtenu de réponse précise, sauf la garantie du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, que les agences de sécurité avaient fait leur travail, et bien.

Le bureau du premier ministre s’est retrouvé dans l’embarras après que les médias eurent rapporté la présence de Jaspal Atwal, qui s’était fait photographier en compagnie de la femme de Justin Trudeau, Sophie Grégoire, et du ministre de l’Infrastructure, Amarjeet Sohi.

Le député d’arrière-ban qui lui aurait permis d’obtenir un carton d’invitation, Randeep Sarai, n’a pas été aperçu dans les couloirs du parlement, lundi. Le premier ministre avait signalé qu’il aurait «une conversation» avec l’élu britanno-colombien.

Après que le bureau de Justin Trudeau eut imputé la faute au député, qui a pris le blâme par voie de communiqué, un haut fonctionnaire du gouvernement a suggéré que des factions, au sein du gouvernement indien, avaient orchestré l’affaire.

C’est également sur ce point que Pierre Paul-Hus espérait avoir des éléments de réponse. «On veut avoir la preuve. Si l’Inde a fait l’invitation, qu’on dépose en Chambre la documentation qui vient de l’Inde», a-t-il mis au défi, lundi.

Il n’a obtenu aucun engagement en ce sens de la part du ministre Goodale, qui s’est chargé de répondre au premier bloc de questions de l’opposition officielle.

Celle-ci avait réclamé vendredi dernier une convocation d’urgence d’un comité parlementaire pour tenter de savoir comment l’invité indésirable avait pu passer entre les mailles du filet de sécurité.

La démarche a avorté, le Nouveau Parti démocratique (NPD) ne l’ayant pas endossée.

Le député qui siège au comité, Matthew Dubé, a suggéré lundi qu’elle relevait de l’esbroufe, car la motion aurait pu être discutée lors de la rencontre du comité, jeudi prochain.

Si une motion visant à aller au fond des choses était alors déposée, l’élu s’est dit disposé à l’étudier.

Car sur le fond, il s’est montré préoccupé par certains des invités qui ont été reçus récemment par le premier ministre, citant le cas de l’ancien otage canadien en Afghanistan Joshua Boyle.

Les néo-démocrates s’entendent aussi avec leurs collègues conservateurs sur un autre point: Justin Trudeau aurait dû se présenter en Chambre dès lundi afin de répondre aux questions sur ce périple qui a fait les manchettes à l’international — et pas toujours pour les bonnes raisons.

«Je suis certaine que le premier ministre est heureux d’être rentré de son voyage en Inde. Il est certain que les Canadiens commençaient à être fatigués de lire les articles négatifs dans les médias internationaux», a ironisé la députée Hélène Laverdière.

C’est la ministre des Sciences, Kirsty Duncan, qui faisait partie de la délégation canadienne en Inde, qui lui a donné la réplique. «Il est décevant de constater que l’opposition n’arrive pas à reconnaître l’importance de la relation entre le Canada et l’Inde», a-t-elle offert.

Le premier ministre Trudeau doit participer à la période des questions en Chambre, mardi, jour de dépôt du budget fédéral. Il y a fort à parier que l’affaire indienne continuera à alimenter les discussions sur la colline malgré la présentation du budget de Bill Morneau.

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