Soutenez

La milléniale qui ne voulait pas tout sacrer là et partir au bout du monde

J’ai 26 ans. J’aime ma vie: ma job, ma ville, mes amis, ma maison, mon chat. Je n’ai pas envie de tout sacrer là, de me faire tatouer «Carpe Diem» sur le poignet, de retaper un vieux Westfalia pour traverser l’Amérique et de documenter mon aventure à coups de photos de dos devant un grand champ avec un signe peace sur Instagram. Diantre! Suis-je vraiment une milléniale? Je ne sais plus, finalement.

J’ai voyagé à Bali il y a environ un an (avant que Jay Du Temple rende le mot «bisbille» populaire et que Joanie et Sansdrick fassent du yoga mandala orgasmique dans notre TV) et j’ai constaté ceci: presque tous les jeunes adultes que j’ai rencontrés étaient en mode nomade. La fille de San Francisco avait remis sa lettre de démission à la job et s’était envolée pour l’Indonésie une semaine plus tard avec aucun plan et pas beaucoup d’argent. L’Allemande avait tout laissé pour aller travailler sur une ferme en Australie pendant six mois, le temps de ramasser de quoi faire le tour de l’Asie ensuite. La Montréalaise était une «nomade digitale» qui traîne son ordi dans le monde entier et qui décroche de petits contrats de communication et de marketing à distance qui lui permettent de continuer à traîner son ordi dans encore plus de pays. Quand je leur ai dit autour d’une bière que je venais d’acheter une maison, que j’avais trois semaines de vacances par année et que j’avais décidé de les passer à Bali mais qu’ensuite je reprendrais la routine… Leur air de semi-étonnement et de semi-dégoût a été peu subtil.

Ce qui est cool en 2018 – et qui fait de belles photos sur Instagram –, c’est de dire bye bye boss et de découvrir le monde. D’être libre. Et si je vous disais que je suis une milléniale sur un payroll, propriétaire, avec une alarme qui sonne le matin… et que je suis épanouie quand même? Les influenceuses en bikini sur la plage, je les trouve super belles, même que j’aime bien les suivre, mais je ne veux pas de leur vie. Pour moi, le bonheur est plus ordinaire, et c’est correct comme ça. Une partie de scrabble avec mon chum et une tisane en regardant la neige tomber, genre.

Bon, ça fait des hashtags moins intéressants et de moins belles photos… mais c’est du bonheur pareil. Le bonheur, c’est pas ça qui est cool en 2018, dans le fond?

Articles récents du même sujet

/** N3 */

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.