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CRTC: Bell et Astral expliquent leur projet

Lia Lévesque - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Bell et Astral ont eu droit à un barrage de questions de la part du président et des conseillers du CRTC, lundi, alors qu’ils y présentaient leur projet de transaction, d’une valeur de 3,38 milliards $.

Voyant que le projet d’achat d’Astral Media par Bell suscite un vent d’opposition, venant notamment des concurrents Québecor et Cogeco, Bell a lancé devant le CRTC de nouvelles idées, lundi, visant à rendre la transaction plus attrayante aux yeux des consommateurs et, si possible, aux yeux du CRTC.

Le président et chef de la direction de Bell et de sa société mère BCE, George Cope, a ainsi proposé de lancer une sorte de Netflix canadien, c’est-à-dire un service offrant une vaste gamme de films canadiens et internationaux provenant des services de télévision payante d’Astral, comme Super Écran, The Movie Network et HBO Canada. Le service offrirait des films en français et en anglais, dont Bell-Astral détiendrait les droits. Et le service serait offert par l’intermédiaire des cablôdistributeurs ou fournisseurs de signaux satellite à tous les Canadiens.

Bell a aussi proposé de lancer un «tout nouveau service national de nouvelles en français» qui serait établi à Montréal. M. Cope n’a pas parlé d’une «chaîne» de nouvelles, comme RDI ou LCN, mais bien d’un «service» de nouvelles.

Jacques Parisien, vice-président directeur et chef de l’exploitation d’Astral Media, a donné quelques détails sur ce projet, qui ressemble davantage à une mise en réseau des employés existants, ainsi que des actifs existants.

«Astral a 84 stations de radio. On a au-dessus de 125 journalistes à travers le Canada, qui vont continuer à travailler et ramasser de l’information, particulièrement locale pour les communautés que nous desservons, parce qu’au niveau de l’information nationale, on a des services qui fournissent l’information. On a des représentants sur les collines parlementaires et on va maintenir cette position-là. Les stations de Bell et d’Astral mises ensemble, ça va juste augmenter notre rayonnement au niveau de l’information et notre potentiel pour faire un bon travail sur l’information», a-t-il résumé.

Ce service serait financé à même la somme supplémentaire de 41 millions $ que Bell s’est engagé à ajouter aux «avantages tangibles» de la transaction. Ces «avantages tangibles» représentent une somme qu’un acquéreur doit s’engager à verser pour financer du contenu canadien innovateur. Ils sont calculés en fonction du montant de la transaction. Bell devait consacrer 200 millions $ à ces «avantages tangibles», mais M. Cope s’est engagé lundi à y consacrer plutôt 241 millions $.

Ces annonces surprises de M. Cope ont fait dire au président du CRTC, Jean-Pierre Blais, qu’il «sortait un lapin du chapeau» lors de l’audience, en ne respectant pas le processus habituel. Il s’est demandé si une telle façon de faire «aidait à la sérénité de notre processus public».

M. Parisien a répliqué en disant que «pour moi, ce ne sont pas des lapins. C’est juste la conclusion normale de mettre les deux entreprises ensemble, ce qui s’est fait après l’annonce et après le dépôt, mais on en parlait depuis l’annonce. Mais c’est aussi, pour moi, une très bonne nouvelle pour nos employés, qui ont suivi la campagne médiatique dénigrante contre Astral et Bell, à qui on avait dit ‘quel bel acheteur, quelle belle nouvelle’. Et là, tout à coup, on voit le ‘build-up’ incroyable négatif sur Bell et Astral.»

«Propagande intéressée»

L’audience de lundi a également permis à Bell de riposter à sa façon à la campagne publique qu’ont lancée Québecor et Cogeco contre la transaction Bell-Astral.

M. Cope n’y est pas allé par quatre chemins.

«Ces entreprises ont mené une vigoureuse campagne de désinformation et ont utilisé le nom et la marque de Bell de manière inappropriée, a-t-il dit. Elles ont fait appel à leurs vastes réseaux de propriétés médias pour diaboliser la transaction, jusqu’à un niveau absurde. Québecor, l’exploitant de médias le plus puissant au Québec, et Cogeco, qui a ses propres actifs médias et a échoué dans sa tentative de faire l’acquisition d’Astral, sont deux entreprises qui préféreraient voir cette transaction bloquée plutôt que de faire face à plus de concurrence. Nous sommes persuadés que le Conseil voit que cette campagne n’est qu’une forme de propagande intéressée.»

Il a assuré que la transaction était dans l’intérêt du public canadien, qu’elle ne diminuerait en rien la diversité des voix. Les dirigeants de Bell et d’Astral ont également soutenu qu’ils pourraient ainsi mieux faire face à la concurrence américaine, particulièrement menaçante au Canada anglais.

Par cette transaction, Bell veut aussi obtenir davantage de contenu pour ses diverses plateformes médiatiques.

M. Cope a précisé que si la transaction était entérinée telle quelle, la part de l’auditoire francophone détenue par des chaînes appartenant à Bell atteindrait 24 pour cent, comparativement à 30 pour cent pour Québecor. Pour l’auditoire anglophone, la part combinée atteindrait 33,5 pour cent.

Bell devra cependant se départir de stations de radio situées dans le Canada anglais, afin de respecter les règles concernant la propriété commune de stations de radio dans le même marché.

M. Cope a aussi tenu à rassurer les Québécois en soulignant le fait que les décisions continueraient d’être prises à Montréal.

Fait à noter, bien que l’audience ait lieu à Montréal et porte notamment sur l’importance de préserver les emplois au Québec et les centres décisionnels au Québec, l’audience se tient principalement en anglais.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes entendra mardi l’un des principaux opposants à la transaction, Québecor.

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