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Attaque à Toronto: des témoins secoués

Nathan Denette / La Presse Canadienne Photo: Nathan Denette / La Presse Canadienne

TORONTO — Konstantin Goulich venait de quitter son appartement lorsqu’il a vu une première victime. La deuxième était à quelques pas de là. Un peu plus loin, il y en avait une troisième. Tous les corps étaient drapés d’une couverture orange vif, comme pour attirer l’attention sur l’horreur de l’attaque meurtrière, survenue à Toronto il y a près d’une semaine.

La marche paisible que pensait faire M. Goulich, lundi dernier, sous le soleil d’avril s’est transformée en scène d’horreur, provoquée par une attaque au véhicule-bélier, au terme de laquelle un homme de 25 ans a été arrêté.

Bien que M. Goulich ne soit pas parmi les 10 victimes ou les 16 blessés, il dit avoir eu du mal à gérer ses émotions après avoir aperçu ces corps.

«Je ne dors vraiment pas bien, ça, c’est certain. La première nuit, je n’ai pas pu dormir du tout. J’avais juste l’image de la personne sous la couverture», a-t-il raconté.

M. Goulich ne sera certainement pas le seul à éprouver de tels problèmes, selon certains experts, qui estiment que les témoins sont eux-mêmes des victimes de l’attaque de la rue Yonge.

Katy Kamkar, psychologue clinicienne au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, souligne que la tuerie a pu être potentiellement traumatisante pour tous les résidants du secteur.

Ce qu’ils ont vu ou entendu ces jours-là restera inscrit dans leur mémoire et pourrait modifier leurs systèmes de croyance, selon Mme Kamkar. Les résidants pourraient ainsi se retrouver à questionner des piliers importants de leurs vies, dont la sécurité de leur lieu de résidence et la fondation de leurs croyances, a-t-elle mentionné.

Dans les jours suivant la tragédie, il est tout à fait normal pour les témoins d’éprouver des difficultés, a assuré Mme Karmkar.

Il est donc normal que les témoins manquent de sommeil, soient anxieux ou piquent des sautes d’humeur, selon la spécialiste, qui souligne qu’il n’y a pas de réaction appropriée face à de telles «images horribles».

«C’est important de s’attendre à tout cela et de ne pas avoir peur des symptômes», a-t-elle indiqué.

Affronter le lieu du drame

Plusieurs personnes se sont réunies sur le site de l’attaque dans les jours suivants. L’une d’entre elles a trouvé du positif dans cette démarche.

Mandana Kanani était assise à l’extérieur de son commerce de l’autre côté de la rue lorsqu’elle a vu la camionnette accélérer sur le trottoir.

Depuis ce temps, elle a du mal à oublier les images et à se départir du sentiment de culpabilité qu’elle a ressenti à ce moment-là.

«J’étais contrainte d’aller sur ce côté (de la rue) et je me suis sentie mal de marcher là-bas», a-t-elle confié.

Dainis Cevers reconnaît avoir été sous le choc de se trouver derrière la camionnette en question et de voir un piéton être projeté dans les airs.

Quelques jours plus tard, il est retourné sur les lieux et a discuté avec une famille d’une des victimes. Cet échange lui a fait grand bien.

«C’était bon de les rencontrer. Je leur expliquais que cela pourrait arriver à n’importe qui. Il n’y a rien à faire. Ça pourrait arriver à moi, à tout le monde», a-t-il indiqué.

Mario Martella, qui a vu le corps d’une personne âgée à l’extérieur de son salon de coiffure, peine à chasser les images de sa mémoire.

«C’est terrible, terrible. Ça restera dans ma mémoire pour je ne sais combien de temps», a-t-il affirmé.

Aller consulter si nécessaire

Le président de l’Association des psychologues de l’Ontario Sylvain Roy explique que la plupart des témoins verront leurs symptômes se dissiper avec le temps. Mais certains pourraient remarquer une intensification des symptômes, qui pourraient avoir un impact sur leur vie quotidienne.

«Toute personne qui sera témoin directement va probablement être influencée d’une façon ou d’une autre», a-t-il indiqué.

«Certains de ces individus auront besoin de parler à quelqu’un. Il faut se connecter avec la famille et les amis, mais aussi solliciter de l’aide psychologique si besoin.»

Mme Kamkar approuve ce conseil. Les gens qui ressentent des symptômes aigus et qui ne consultent pas pourraient développer une dépression, un trouble de stress post-traumatique ou d’autres problèmes psychologiques, selon elle.

Katy Kamkar recommande aux témoins de se concentrer dans l’immédiat à rétablir leur routine habituelle.

«Concentrez-vous à vous fixer des objectifs, à organiser des activités, a-t-elle dit, à toute forme de routine qui vous aide à aller de l’avant.»

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