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Montréal veut bannir armes de poing et d'assaut

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La Ville de Montréal demande à Ottawa d’interdire la possession d’armes de poing et d’armes d’assaut non seulement sur son territoire, mais dans l’ensemble du pays, sauf dans certains cas d’exception pour les membres des Forces armées et des corps policiers, entre autres.

«Le problème ne sera pas résolu par une interdiction purement locale», a fait valoir le président de la Commission de la sécurité publique, Alex Norris, en présentant la résolution qui a été adoptée à l’unanimité par le conseil municipal, lundi.

«Ce serait une demi-mesure tout à fait inefficace parce qu’il serait tout à fait simple d’importer des armes acquises ailleurs au Canada dans les grands centres urbains: il nous faut une interdiction à l’échelle du pays», a-t-il martelé.

En juillet dernier, le conseil municipal de Toronto a adopté une résolution demandant à Ottawa de bannir la vente d’armes de poing et d’assaut, quelques jours après qu’un tireur eut ouvert le feu dans le quartier Danforth, tuant deux personnes et en blessant 13 autres.

La résolution montréalaise demande le renforcement du projet de loi C-71 déposé le 20 mars dernier aux Communes parce qu’il «est temps d’interdire la possession privée des armes de poing et des armes d’assaut de style militaire. (…) Ce sont des armes qui ont été conçues principalement pour tuer des êtres humains», a affirmé M. Norris.

«Nous ne demandons pas un meilleur encadrement de ces armes-là; nous ne demandons pas des meilleures règles encadrant le transport, l’entreposage et la publicité des cas armes-là; (nous demandons) une interdiction pure et simple de la possession de ce type d’arme létale au Canada», a-t-il poursuivi.

Sa résolution rappelle notamment que «des armes d’assaut ou de poing ont été utilisées dans les attentats commis à l’École Polytechnique en 1989, à l’Université Concordia en 1992 et au Collège Dawson en 2006», tous survenus sur le territoire de la métropole. Elle fait également référence à l’utilisation de telles armes lors de l’attentat, plus récent, de la mosquée de Québec survenu en janvier 2017.

La résolution cite également des chiffres de Statistique Canada selon lesquels des armes de poing étaient utilisées dans 60 pour cent des crimes violents impliquant des armes à feu.

«Qui a besoin d’un fusil d’assaut de type militaire de toute façon?» a renchéri le conseiller de l’opposition Marvin Rotrand.

«Ce n’est pas vraiment une arme d’autodéfense, ce n’est même pas une arme pour chasser. Pourquoi est-ce permis?» s’est-il interrogé devant les élus municipaux.

Par ailleurs, la résolution présentée par le conseiller Norris demande aussi à Ottawa de resserrer les critères d’admissibilité pour l’obtention d’armes à feu «afin d’empêcher les cas où des individus qui présentent des risques clairs ne soient autorisés à posséder des armes à feu».

Un groupe de survivants et de proches des victimes des tueries de Polytechnique et du Collège Dawson, ainsi que des représentants d’associations étudiantes étaient présents et ont été chaleureusement applaudis par les membres du conseil municipal, qui ont ensuite adopté la résolution à l’unanimité.

La Fraternité des policiers applaudit

L’unanimité s’est rendue jusqu’à la Fraternité des policiers de Montréal, qui a rappelé dans un communiqué diffusé peu après l’adoption qu’elle «s’est toujours positionnée en faveur d’un contrôle très marqué de la possession et de la circulation des armes à feu».

La Fraternité dit appuyer «le principe défendu par la résolution du conseil municipal de la Ville de Montréal demandant l’interdiction de la possession privée des armes d’assaut et des armes de poing», tout en soulignant l’exception faite aux Forces armées et services de police.

Le président du syndicat représentant les policiers montréalais, Yves Francoeur, estime que toute initiative susceptible de réduire la circulation des armes à feu «favorise la sécurité du public» et salue l’adoption de la résolution.

Trudeau: ouverture

La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas fermé la porte à cette possibilité. De passage à Val-d’Or, mercredi, M. Trudeau a dit croire qu’il y avait «une grande prise de conscience qui est en train de se passer à travers le pays», faisant allusion à la fusillade survenue la semaine précédente à Fredericton et à celle survenue à Toronto quelques semaines plus tôt.

Le premier ministre a rappelé qu’il restait encore des étapes à franchir avant l’adoption du projet de loi C-71 et que les positions de Montréal et de Toronto ajoutaient à la réflexion de son gouvernement.

Alex Norris a souligné que le moment de l’adoption était on ne peut plus propice alors que le sujet est à l’ordre du jour des ministres du gouvernement Trudeau réunis en retraite fermée cette semaine à Nanaimo, en Colombie-Britannique.

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