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Des causes judiciaires choquent et se poursuivent

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’année judiciaire 2018 a été pleine de rebondissements et plusieurs causes criminelles nous garderont en haleine l’an prochain. Si les procédures criminelles contre Alexandre Bissonnette, Gilbert Rozon et Bertrand Charest sont de celles qui ont retenu l’attention au cours de l’année qui vient de s’écouler, elles ne sont pas terminées et feront encore couler de l’encre en 2019.

Gilbert Rozon et «Les Courageuses»

Plusieurs femmes qui allèguent avoir été agressées ou harcelées sexuellement par le fondateur de Juste pour rire ont demandé — et obtenu — la permission d’intenter une action collective contre lui en mai dernier. Le juge Donald Bisson de la Cour supérieure a accordé au groupe de femmes le droit de réclamer, au nom de toutes «les personnes agressées et/ou harcelées sexuellement par Gilbert Rozon», jusqu’à 10 millions $ en dommages punitifs, en plus des dommages moraux et pécuniaires.

Selon «Les Courageuses», le nom que s’est donné le groupe de femmes qui accusent l’homme d’affaires, ce dernier aurait fait au moins 20 victimes sur une période de 34 ans, de 1982 à 2016. Ce nombre ne serait que «la pointe de l’iceberg», est-il allégué dans leur demande en justice. Gilbert Rozon a toutefois obtenu la permission d’aller en appel de cette autorisation d’action collective.

Plusieurs femmes avaient aussi porté plainte à la police contre Rozon. En décembre de cette année, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a évalué 14 de ces plaintes, mais n’a déposé des accusations que pour l’une d’entre elles: viol et attentat à la pudeur, pour des gestes remontant à 1979. Suite à cette décision, de nombreuses voix se sont élevées pour demander que le processus judiciaire des plaintes d’agressions sexuelles soit revu, sinon cela équivaut, disent-elles, à dire aux victimes qu’il ne sert à rien de dénoncer.

Alexandre Bissonnette

Le jeune homme de 28 ans devait subir son procès en mars pour avoir ouvert le feu dans la salle de prière de la Grande Mosquée de Québec, un soir de janvier 2017, tuant six hommes et faisant de nombreux blessés. Mais un revirement de dernière minute s’est produit: il a plaidé coupable le jour où son procès devait s’ouvrir, en mars 2018. L’attention s’est alors tournée vers le processus de détermination de sa peine. Parce qu’il a plaidé coupable à des meurtres, il écope automatiquement d’une peine de prison à vie. Il ne restait alors au juge qu’à décider combien d’années il devra passer derrière les barreaux avant de pouvoir être admissible à une libération conditionnelle. La Couronne demande qu’il soit inadmissible pour 150 ans — soit 25 ans par personne tuée. La défense a plaidé qu’il s’agirait alors d’une «peine de mort par incarcération» et demande qu’il soit admissible après 25 ans.

Le juge fera connaître sa décision — très attendue — le 8 février 2019.

Bertrand Charest

En 2018, l’ex-entraîneur de ski a porté en appel sa condamnation et sa peine de 12 ans de prison pour agression sexuelle sur de jeunes athlètes mineures qui étaient sous sa responsabilité. Le processus d’appel est donc en cours.

Mais à la mi-décembre, un autre développement est survenu: trois des victimes de Charest ont décidé de poursuivre en dommages son employeur de l’époque, Canada Alpin, parce qu’elles soutiennent que la fédération sportive n’a rien fait pour les protéger et a préféré fermer les yeux — pour protéger son image et conserver les commanditaires. Geneviève Simard, Gail Kelly et Anna Prchal réclament de la fédération sportive chacune 300 000 $ en dommages compensatoires pour les abus psychologiques, physiques et sexuels qu’elles ont subis et 150 000 $ en dommages punitifs.

Adèle Sorella

Son procès a commencé en novembre et doit se poursuivre au début de l’année 2019. Accusée du meurtre de ses deux petites filles, Amanda, 9 ans, et Sabrina, 8 ans, la femme de 52 ans est jugée par un jury. Ce qui est particulier dans cette affaire? Les deux soeurs ont été retrouvées, allongées par terre, côte à côte dans la salle de jeux familiale de leur résidence de Laval, sans marques ni traces de violence: la cause de leur mort n’a donc pas été déterminée. Avant le décès des deux fillettes, Mme Sorella avait fait des tentatives de suicide après que son mari, visé par l’opération anti-mafia Colisée, fut parti en cavale. La théorie de la Couronne est que Mme Sorella avait l’opportunité exclusive de commettre le meurtre de ses filles.

Audrey Gagnon

Cette histoire a horrifié le Québec en 2018. La petite Rosalie Gagnon, âgée de deux ans, a été retrouvée morte dans une poubelle de Charlesbourg, à Québec, en avril dernier. Sa mère Audrey Gagnon a été accusée de meurtre au deuxième degré et d’outrage à un cadavre. Une autopsie avait déterminé que l’enfant a été poignardée à plusieurs reprises.

Les procédures criminelles se poursuivent en 2019 contre la jeune femme de 23 ans.

Lac-Mégantic

Personne ne peut oublier le train de pétrole qui a dévalé la pente menant à la petite ville de Lac-Mégantic, faisant 47 morts, lorsqu’il a déraillé et explosé le 6 juillet 2013. Trois hommes ont été arrêtés suite à cette tragédie et accusés d’actes criminels. Il s’agissait du chef de train Thomas Harding, du contrôleur ferroviaire Richard Labrie et du directeur des opérations de la MMA au Québec, Jean Demaître. Ils ont tous été acquittés par un jury au début du mois de janvier. Ils avaient plaidé non coupable à toutes les accusations de négligence criminelle causant la mort.

Le Directeur de poursuites criminelles et pénales avait par la suite décidé de ne pas porter en appel les verdicts d’acquittement.

Les vacancières Mélina Roberge et Isabelle Lagacé

Les deux jeunes Québécoises se sont fait arrêter en 2016 pour importation de cocaïne au terme d’une luxueuse croisière les ayant menées jusqu’à Sidney en Australie. Une partie des 95 kg de cette drogue cachée sur le bateau a été trouvée dans une valise, dans leur cabine. Après avoir mis en ligne de magnifiques photos de leurs excursions dans de nombreux pays, elles se sont retrouvées à l’ombre d’une prison australienne. Le dossier s’est terminé lorsque Mélina Roberge a écopé en 2018 de huit ans de prison. Isabelle Lagacé avait auparavant reçu une peine de sept ans et demi de prison. L’autre Québécois impliqué dans cette affaire, André Tamine, passera 8 ans et 5 mois derrière les barreaux. Ils avaient tous plaidé coupable.

Attaque de pitbull

Le propriétaire d’un pitbull qui a défiguré une fillette de 7 ans dans un parc de Brossard en 2015, Karim Jean Gilles, a écopé en mars 2018 d’une peine de quatre ans de pénitencier.

Cette peine «sévère» a été imposée par le juge notamment pour sanctionner «sa culpabilité morale très élevée» et aussi afin de dénoncer et dissuader les crimes commis contre des mineurs, surtout que dans ce cas, la victime n’avait que sept ans, avait souligné le juge Pierre Bélisle, de la Cour du Québec, en rendant sa décision. Selon lui, il s’agit d’un cas de «négligence grossière et extrême». Karim Jean Gilles n’a pas témoigné à son procès ni fait entendre de témoins.

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