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Plan Nord: Québec change de modèle d'affaires

QUÉBEC – Un autre volet du Plan Nord du gouvernement précédent est en train de voler en éclats, avec la remise en question du financement des projets d’infrastructures destinées aux compagnies minières.

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a déclaré vendredi qu’elle allait revoir le modèle d’affaires à privilégier entre l’État et les compagnies minières quand il s’agit de leur fournir les infrastructures nécessaires à l’exploitation de la ressource, notamment des voies ferrées.

Québec doit s’assurer d’offrir un accès équitable à toutes les minières, a indiqué la ministre, lors de l’étude des crédits annuels de son ministère.

Et «ce ne sont pas toutes les minières qui aimaient ce modèle d’affaires-là», selon la ministre Ouellet, bien déterminée «à revoir le modèle d’affaires» en vogue à l’époque du gouvernement libéral.

Pendant ce temps, à Montréal, interpellée à ce sujet, la première ministre Pauline Marois a confirmé que son gouvernement planchait sur d’autres scénarios de financement des infrastructures nordiques.

«Il y a des solutions alternatives, éventuellement, qui pourront être trouvées», a-t-elle commenté.

Dans son dernier budget, en mars dernier, l’ex-ministre des Finances, Raymond Bachand, avait annoncé que le Canadien National (CN) allait évaluer la possibilité d’investir, avec l’aide de la Caisse de dépôt et placement, dans la construction d’un lien ferroviaire de 800 km au nord de Sept-Îles, un projet d’envergure évalué à quelque 5 milliards $. Un groupe de six minières avait démontré un intérêt pour ce nouvel équipement.

Mais le quotidien Le Devoir rapportait vendredi que le CN mettait le projet sur la glace, ce qui n’a pas semblé préoccuper la ministre Ouellet, soucieuse de revoir les règles du jeu en ce domaine. Durant son étude des crédits, elle parlait déjà de ce projet au passé.

«Le projet du CN était un projet privé mais financé par la Caisse de dépôt du Québec, donc une espèce d’amalgame bizarre», à ses yeux.

Or, l’accès au territoire du Nord doit être équitable pour tous, a-t-elle martelé à plusieurs reprises.

Un modèle d’affaires différent qui lui paraît «très intéressant» est celui privilégié par le port de Sept-Îles, qui inclut un quai public financé par le secteur privé.

De son côté, un porte-parole du CN, Louis-Antoine Paquin, a indiqué vendredi que le projet de lien ferroviaire avait été mis en attente.

«Il y a une pause parce que nous évaluons certains échéanciers. Cela a aussi à voir avec quelques projets de sociétés minières qui semblent avoir été interrompus pour le moment», a-t-il ajouté.

M. Paquin n’a pas voulu dire combien d’argent avait été consacré à l’étude de faisabilité.

Les libéraux mécontents

Présent à l’étude de crédits, le député libéral de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Jean d’Amour, n’entendait pas à rire en prenant connaissance de la vision de la ministre.

«Il y a des limites à rire du monde», a-t-il dit, estimant qu’un climat d’incertitude guère rassurant régnait dans le secteur minier depuis l’élection du gouvernement péquiste. Le député a cherché à tracer un lien direct de cause à effet entre ce prétendu climat d’incertitude et la mise en veilleuse du projet du CN.

Il a dû retirer ses paroles, à la demande de la ministre Ouellet, quand il l’a accusée de «berner la population».

Le député D’Amour a quand même continué sur sa lancée, en soutenant que le développement du Nord n’intéressait absolument pas le gouvernement Marois. «On n’en veut carrément pas», selon lui.

En point de presse, la ministre a précisé qu’elle allait partir à la recherche du «meilleur modèle pour un développement économique responsable du Grand-Nord du Québec».

À l’origine, le projet de lien ferroviaire à construire au nord de Sept-Îles était destiné à desservir les minières exploitant des mines de fer dans la Fosse du Labrador.

Il était question d’une importante participation de la Caisse, dont l’investissement aurait atteint le tiers de la facture.

Au moment où l’idée avait été lancée, l’actuel ministre des Finances et à l’époque député de l’opposition, Nicolas Marceau, jugeait déjà qu’il s’agissait d’un projet «très risqué» pour la Caisse.

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